Lors du Conseil National de Sécurité vendredi soir, la Première ministre Sophie Wilmès (MR) a annoncé que chaque citoyen recevrait un masque en tissu aux normes… Sans savoir quand. La Belgique doit pourtant entamer la première phase du déconfinement dès le 4 mai, un délais bien court pour une telle promesse.
‘Les masques joueront un rôle clé. Même s’ils ne suffiront pas à eux seuls, nous les encourageons fortement’, annonçait vendredi soir Sophie Wilmès lors d’une conférence de presse d’anthologie. La Première ministre garantissait également que chaque citoyen en recevrait au moins un, ainsi que des filtres à y insérer. Aucun mot toutefois sur le quand ni le comment. Le gouvernement fédéral n’a tout simplement pas de stratégie en la matière.
Alors que le redémarrage économique doit commencer progressivement à partir du 4 mai, les nombreux Belges qui quitteront enfin leur domicile ne pourront sans doute pas compter sur le gouvernement pour des masques de protection.
25 mai?
Samedi, le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) avouait sur VTM qu’il serait impossible que chaque Belge reçoive son masque pour cette date. ‘La capacité de production ne permettra pas de respecter un délai aussi court car, ces dernières années, l’industrie textile ne s’est pas concentrée sur la production de masques buccaux en tissu’, a expliqué celui qui est aussi en charge de la distribution des masques.
Et avec l’augmentation de la demande, les délais ne cessent d’être retardés. Certaines entreprises ont ainsi annoncé qu’elles n’étaient plus en capacité de livrer les commandes avant le 25 mai, indique Le Soir ce lundi. Face au retard qu’a pris le fédéral, difficile d’imaginer qui seront les premiers livrés… L’épidémiologiste Marius Gilbert regrettait samedi que la décision autour des masques n’ait pas été prise plus tôt. La ministre de la Santé, Maggie De Block, a longtemps indiqué que le port du masque ne servait à rien…
Une semaine particulière
Un autre paramètre qui complique encore cette fourniture: le 1er mai férié. De nombreuses entreprises internationales continueront certes leur production, mais la distribution nationale, elle, sera impactée.
En toute logique, pour que chaque citoyen puisse recevoir son masque pour la reprise du travail le lundi 4 mai, les communes devraient les réceptionner la veille au plus tard, c’est-à-dire dimanche prochain. Mais avec le week-end de trois jours qui se profile les 1, 2 et 3 mai, les masques devraient en réalité arriver… jeudi. On vous laisse juger de cette possibilité…
Autre promesse du fédéral: la fourniture de filtres, deux par personne, à insérer dans ces masques. Mais que faire de filtres pour des masques qui ne sont pas encore arrivés? Car Koen Geens a indiqué avoir commandé 22 millions de filtres, et ceux-ci devraient être fournis entre le 4 et le 20 mai. Il y a donc de bonnes chances pour que vos filtres arrivent avant votre masque. Ou l’inverse. Mais disposer des deux, et ce avant lundi prochain, relèvera sans doute de l’exploit.
Sauver les apparences
Se pose donc la question du pourquoi: pourquoi promettre des masques si l’on est incapable de les garantir? Le fédéral traîne déjà de nombreuses casseroles en matière de commandes ratées, n’était-ce donc pas suffisant? La réponse, il faut la chercher du côté d’une explication très politique: sauver les apparences.
‘On a déjà qualifié la communication de vendredi de floue, imaginez le tollé si le fédéral n’avait pris aucune mesure sur les masques! On aurait alors dit que la population était livrée à elle-même et abandonnée par son gouvernement’, explique au Soir une source proche du gouvernement.
Sauf que cette promesse non tenue risque de (re)mettre le feu aux poudres et faire plus de mal que de bien en sapant encore un peu plus la confiance de la population dans la gestion du gouvernement fédéral. Et si les contaminations repartent à la hausse la semaine prochaine alors que les citoyens retournent à la vie active sans masque, il y a fort à parier que le fédéral sera une fois de plus pointé du doigt.
Les communes en héros?
Dans ce marasme institutionnel, le salut pourrait peut-être venir des communes. Si la commande du fédéral n’aboutit pas à temps, celles anticipées des communes pourraient permettre d’atténuer ce nouveau carambolage annoncé. Sans toutefois en récolter les lauriers.
‘Ce sont les communes qui ont fait le gros du boulot en prenant les devants et, maintenant, le fédéral va essayer de faire croire que si les gens ont des masques le 4 mai, ce sera grâce à sa bonne gestion’, indique un bourgmestre en colère. Bref, la saga des masques est loin d’être finie. À quand le prochain épisode… ?
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