Un gouvernement d’urgence est bien sur les rails autour du PS et de la N-VA, mais pas encore de fumée blanche

PS et N-VA discutent d’une possible alliance de circonstance. L’accord n’est pas encore scellé dans le marbre, et dépend aussi des autres partenaires de la coalition.

Les premiers bruits de fond sont sortis un peu de nul part cette après-midi, en pleine crise du coronavirus. La Libre laissait entendre qu’un accord entre les frères ennemis – PS et N-VA – était dans le pipeline.

Les motifs invoqués ? Pas besoin de faire de dessin. Le Comité de monitoring a annoncé ce matin un dérapage budgétaire de près de 14 milliards d’euros (répartis entre le fédéral et les entités fédérées), la crise sanitaire et ses réponses strictes, prises par un gouvernement en affaires courantes. Il est plus que temps pour la Belgique de se doter d’un gouvernement de plein exercice. Sans parler de la conjoncture macroéconomique.

On nous confirme à bonnes sources qu’un accord est proche. Hier soir déjà. Et que cela s’est décidé entre Paul Magnette et Bart De Wever en personne. En ce moment même, des négociations ont lieu entre le PS et un autre parti au centre du jeu. Tout pourrait aller très vite, dès ce week-end, dans un sens ou dans l’autre. Rien n’est acquis.

Il est clair qu’au nord du pays, il n’est pas très compliqué de deviner qui devrait monter à bord. Les partis de la coalition flamande sont tout indiqués, malgré les récentes disputes : il s’agit du front N-VA, Open VLD et le CD&V.

Du côté des libéraux flamands, on sait que la préférence d’Egbert Lackaert, le toujours favoris pour reprendre la présidence, va pour un gouvernement avec la N-VA. Et pas besoin ici d’énumérer les desiderata maintes fois répétés du CD&V.

Qui du côté francophone ?

Côté francophone, c’est beaucoup plus compliqué. Encore hier au JT de la RTBF, le coprésident d’Ecolo se montrait positif et volontaire dans la formation d’un gouvernement: ‘On a besoin d’un gouvernement de plein exercice pour gérer une telle crise. Les Verts au nord comme au Sud travaillent main dans la main pour débloquer la situation. Espérons qu’un déclic ait lieu ce week-end.’ Il pensait sans doute au CD&V, et à ses parlementaires qui ont tenté un dernier coup de pression dans la presse pour une Vivaldi.

Sauf que ce déclic ne prendrait pas la route escomptée pour les Verts. Ils seront invités aux discussions, mais difficile pour eux de sauter le pas dans une coalition Corona avec les nationalistes flamands. De plus, ils ne monteront pas dans une coalition où ils ne sont pas nécessaires. Or, le duo PS-MR peut suffire amplement.

C’est là qu’interviennent ces deux acteurs. Les libéraux et les socialistes francophones ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, loin s’en faut. Et une nouvelle lutte d’égo pourrait s’immiscer.

Obstacles

En effet, via les deux missionnaires – Laruelle (MR) / Dewael (Open VLD), il est clair que les libéraux avaient la main pour mettre en place leur plan parfait (Sophie Wilmès en Première ministre et postes ministériels clés), mais cet accord PS-N-VA, décidé entre les deux présidents de partis, coupe un peu l’herbe sous le pied des libéraux. Autrement dit: les deux premiers ne veulent-ils pas se faire passer pour les sauveurs du pays, au détriment du troisième.

Mais ce n’est bien sûr pas la seule complication. Cet accord fait aussi grincer quelque dents en interne au PS, comme le rapportait La Libre plus tôt dans la journée.

Une chose est sûre. Si ce gouvernement d’urgence devait exister, il ne se fera qu’à minima. Pour gérer les problématiques auxquelles fait face la Belgique. Sur une période assez courte. Ensuite ? Il faudrait sans doute trouver une autre majorité.

On nous confirme que les choses pourraient bouger dès ce soir.

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