Alors qu’une partie des États membres de l’Union européenne réclament un embargo sur le pétrole russe depuis plusieurs semaines, l’Allemagne s’est toujours dressée contre des mesures hâtives. Une frilosité due à sa forte dépendance à l’or noir en provenance de Russie. Mais voilà que Berlin change de cap.
L’Allemagne l’avait dit et redit: pour elle, un embargo immédiat sur le pétrole russe était inenvisageable, quoi qu’en pensent ses alliés européens. Très dépendante, elle préférait chercher des approvisionnements ailleurs pendant plusieurs mois avant de donner son accord pour prendre une telle mesure à l’échelle européenne. Berlin estimait ne pas être capable de se passer de l’or noir russe avant la fin de l’année.
Ça, c’était pour le discours tenu par les autorités allemandes jusqu’à cette semaine. Il apparaissait même que les négociateurs européens commençaient à chercher des alternatives pour faire mal au Kremlin sur ce terrain tout en évitant cet embargo que l’Allemagne ne pouvait voir en peinture.
Mais ce mardi, la donne a changé. À l’occasion d’une visite en Pologne pour des discussions autour de la sécurité énergétique, le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck a indiqué qu’un boycott du pétrole russe était désormais envisageable.
« Une question de jours »
Avant le début de la guerre en Ukraine, l’Allemagne achetait environ un tiers de son pétrole à la Russie. Il y a un mois, Habeck avait annoncé que les importations russes représentaient 25%. Ce mardi, il a fait savoir que ce chiffre était tombé à 12%.
« Aujourd’hui, je peux dire qu’un embargo (pétrolier) est devenu gérable pour l’Allemagne », a déclaré le ministre allemand de l’Économie, cité par Reuters.
En outre, Habeck a précisé que le pétrole russe encore importé par l’Allemagne était entièrement acheminé vers une seule raffinerie, la raffinerie PCK de Schwedt, près de Berlin, détenue majoritairement et exploitée par la compagnie pétrolière publique russe Rosneft.
« Le modèle économique de Schwedt est basé sur l’achat de pétrole russe. C’est une pomme de discorde, nous avons besoin d’une alternative pour Schwedt, et nous allons y travailler dans les prochains jours », a déclaré Habeck.
Voilà qui va donner un tout autre ton aux négociations entourant le sixième train de mesures que comptent prendre l’UE à l’égard de la Russie.