Web Analytics

La crise bancaire européenne a-t-elle pu être évitée ?

La crise bancaire européenne a-t-elle pu être évitée ?
Getty Images

Après de longues négociations, les autorités suisses ont réussi à convaincre le géant bancaire suisse UBS de reprendre la banque en difficulté Credit Suisse. L’institution financière met 3 milliards de francs suisses sur la table pour ce faire.

Pourquoi est-ce important ?

Les marchés étaient en ébullition la semaine dernière. Après la faillite de certaines banques américaines, dont la Silicon Valley Bank, les incertitudes concernant la banque suisse Credit Suisse ont ressurgi.

Dans l’actualité : UBS accepte de reprendre le Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses, soit 3,24 milliards de dollars. C’est le double de l’offre initiale. Le rachat sera entièrement payé avec des actions UBS.

  • À 0,76 franc suisse par action, l’offre de reprise est bien inférieure à la valeur de marché du Credit Suisse. Le cours de l’action de la banque a chuté à 1,86 franc suisse vendredi. Cela ramenait sa valeur de marché à 7,43 milliards de francs suisses, soit environ 8 milliards de dollars. UBS bénéficiera donc d’une décote d’environ 62 %.
  • Plus précisément, les actionnaires du Credit Suisse recevront une action UBS pour 22,48 actions.
  • « Compte tenu des circonstances récentes, extraordinaires et sans précédent, la fusion annoncée est la meilleure solution possible », a déclaré Axel P. Lehmann, président du conseil d’administration du Credit Suisse, dans un communiqué de presse. « Cette période a été extrêmement difficile pour Credit Suisse et, bien que l’équipe ait travaillé sans relâche pour résoudre de nombreuses questions importantes et mettre en œuvre la nouvelle stratégie, nous sommes contraints de parvenir aujourd’hui à une solution qui offre un résultat durable. »

Détails : de plus amples détails sur l’acquisition ont été communiqués lors d’une conférence de presse hier soir.

  • UBS s’engage à assumer 5 milliards de francs suisses de pertes. Les 9 milliards suivants seront pris en charge par le gouvernement (lire : les contribuables).
  • L’autorité de surveillance des marchés boursiers suisses a également annoncé que 15,8 milliards de francs suisses d’obligations, appelées titres AT1, seront ramenés à 0.
  • En outre, la Banque nationale suisse a accepté d’offrir au Credit Suisse une ligne de liquidité de 200 milliards de francs suisses.

Ce rachat donnera lieu à la plus grande fusion de deux banques systémiques depuis la crise financière de 2008. Le bilan d’UBS s’élève à quelque 1.100 milliards de dollars, tandis que celui du Credit Suisse est de 575 milliards de dollars.

Augmentation du prix

Rappel : UBS a indiqué dimanche matin qu’elle souhaitait payer jusqu’à 1 milliard de dollars pour le Credit Suisse, mais la banque a estimé que l’offre était trop basse. « L’offre trop basse nuirait aux actionnaires ainsi qu’aux employés qui reçoivent une partie de leur rémunération sous forme d’actions », a révélé Bloomberg.

  • La question est de savoir comment la Saudi National Bank, principale actionnaire du Credit Suisse, réagira à l’offre. La semaine dernière, le prêteur avait indiqué qu’il n’injecterait plus d’argent dans le géant suisse, alimentant (encore) les inquiétudes quant à la situation financière de la banque.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement suisse a fait part de sa volonté de nationaliser (partiellement) le Credit Suisse en cas d’échec de la reprise. « Un échec du rachat par UBS n’est pas exclu en raison de sa complexité et de la rapidité avec laquelle il doit être mené à bien », a révélé Bloomberg en se basant sur certaines sources.

Le calme reviendra-t-il sur les marchés ?

Tumulte sur les marchés : L’objectif de l’opération de rachat est de restaurer la confiance des épargnants et des investisseurs. Les médias américains ont révélé que les banques suisses ont vu s’échapper quelque 10 milliards de francs suisses de dépôts par jour à la fin de la semaine dernière.

  • La Banque nationale suisse (BNS) avait déjà tenté de rétablir le calme en prêtant 50 milliards de francs suisses à la banque la semaine dernière, en vain. Le cours de l’action du Credit Suisse a chuté d’environ 25 % au total la semaine dernière.
  • Les inquiétudes ont également pesé sur le cours des actions d’autres banques, qui avaient déjà été touchées par l’effondrement de Signature Bank et de Silicon Valley Bank. L’indice bancaire européen a chuté de plus de 10 % au cours de la semaine dernière.

Échec : malheureusement, cette tentative aura en partie échoué puisque le marché a montré une forte instabilité tout au long de la matinée.

  • L’indice bancaire européen – STOXX Europe 600 Banks – est en baisse de 2,8 %.
  • UBS : -4,62%
  • Credit suisse : -59%
  • BEL20 : -0,30 %

Au moment d’écrire ces lignes – 13 h -, certaines actions ont cependant légèrement remonté par rapport à ce matin, signe d’un léger mieux, mais aussi d’une instabilité du marché.

  • Euro Stoxx 50 : +0,75 %
  • CAC 40 : +0,78 %

Du côté des banques européennes, on note :

  • KBC : -0,65 %
  • ING : -5,32 %
  • BNP Paribas : -1,45 %
  • Société générale : -3,54 %
  • Deutsche Bank : -2,31 %

(JM)

Plus d'articles Premium
Plus