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Erdogan nomme une ancienne de Goldman Sachs à la tête de la Banque centrale turque : a-t-il retrouvé la raison ?

Erdogan nomme une ancienne de Goldman Sachs à la tête de la Banque centrale turque : a-t-il retrouvé la raison ?
Turkse president Recep Tayyip Erdogan en nieuwe directeur van de turkse centrale bank Hafize Gaye Erkan (ADEM ALTAN/AFP via Getty Images, Volkan Furuncu/Anadolu Agency via Getty Images)

Ce vendredi, Recep Tayyip Erdogan a nommé une nouvelle gouverneure à la tête de la Banque centrale turque. Son défi est de taille, l’inflation atteignant en Turquie des sommets vertigineux depuis de nombreux mois.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis plus d'un an, la situation économique de la Turquie est désastreuse. L'inflation est sans commune mesure avec ce que l'on connaît chez nous, tandis que la livre turque est en perdition.

Dans l’actu : une nouvelle gouverneure pour la Banque centrale turque.

  • Ce vendredi, Recep Tayyip Erdogan a annoncé avoir nommé Hafize Gaye Erkan en tant que nouvelle gouverneure de la banque centrale turque.
  • La nomination de cette ancienne dirigeante de Goldman Sachs est plutôt bien accueillie par les investisseurs.

Le contexte : critique.

  • Cette semaine, la livre turque, déjà mal en point, a poursuivi sa dégringolade.
    • Elle a atteint ce jeudi son plus bas historique face à l’euro : 1 contre 25,35.
    • Même topo pour la comparaison avec le dollar, où on assiste là aussi à des écarts inédits : 1 contre 23,51 jeudi.
    • En deux ans, la livre turque a perdu plus de 60% de sa valeur.
    • Cela aurait pu être pire encore si la Banque centrale turque n’avait pas artificiellement soutenu sa devise en puisant dans ses réserves de change pour stabiliser les taux de change – et tenter de combler l’énorme déficit de sa balance courante. Ces réserves ont fondu de 25 milliards de dollars depuis le début de l’année. Maintenant qu’elles sont épuisées, il va falloir trouver une autre parade.
  • Quant à l’inflation sur un an, elle a été de 39,6% en mai. C’est énorme, mais notons que c’est la première fois en seize mois qu’elle passe sous la barre des 40%. Le record avait été atteint en octobre dernier : 85,51%.
    • Une baisse qui est en partie liée à une mesure (temporaire) de gratuité du gaz promulguée par Erdogan peu avant l’élection présidentielle : le gaz a été gratuit pendant un mois et 25 m³ sera offert chaque mois pendant un an à tous les foyers.
    • Notons également qu’il s’agit là des chiffres officiels – les premiers depuis la réélection d’Erdogan. Ils sont contestés. Les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag) estiment ainsi que l’inflation annuelle se situe entre 105% et 109%, en tenant en compte ou non de la mesure sur le gaz.

Retour à une stratégie conventionnelle ?

Les explications : Erdogan a toujours prôné une stratégie hétérodoxe.

  • De l’avis de nombreux experts extérieurs, le marasme dans lequel est engluée l’économique turque depuis plus d’un an est en bonne partie dû à la politique peu orthodoxe prônée par Erdogan pour endiguer l’inflation.
  • Les théoriques économiques classiques préconisent de porter les taux d’intérêt à la hausse pour faire baisser l’inflation. C’est notamment la politique actuellement poursuivie par les banques centrales européenne et américaine, par exemple.
  • Erdogan, lui, a pris le contrepied. Il a longuement prié le gouverneur de la Banque centrale turque, Şahap Kavcıoğlu, de régulièrement abaisser les taux.
    • En deux ans, le principal taux d’intérêt turc est passé de 19 à 8,5%.
  • Avec les effets que l’on connaît.

Et maintenant : changement de cap ?

  • En remplaçant Kavcıoğlu par Erkan, Erdogan serait-il en train de changer son fusil d’épaule ? Cette ancienne dirigeante de Goldman Sachs et de First Republic pourrait être celle qui, avec l’accord du président, fera remonter les taux turcs.
  • C’est en tout cas ce que pensent un nombre croissant d’investisseurs. Les récentes nominations de deux partisans des politiques économiques orthodoxes comme ministre des Finances (Mehmet Şimşek) et vice-président (Cevdet Yilmaz) vont également dans ce sens.
    • Lors de sa prise de fonction, Şimşek a d’ailleurs indiqué qu’il faudra revenir à des « mesures rationnelles ».
  • Même si la prudence reste de mise, deux indices laissent penser que l’économie turque pourrait être en passe de se redresser :
    • Les obligations turques libellées en dollars ont augmenté de prix.
    • Le coût de la protection contre un défaut de paiement de la dette turque a diminué.
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