Le Vlaams Belang semble perdre en popularité en Flandre. Et son président, Tom Van Grieken, n’y aide pas. Ses propos sur Radio 1 sont très mal passé au nord du pays.
La tendance la plus notable dans le dernier Grand Baromètre: le Vlaams Belang n’est plus à son apogée. Le parti recule un peu et se montre vulnérable pour la première fois. On est bien loin des scores phénoménaux atteignant les 30%.
En cause, des ‘accidents’ comme la visite du leader Dries Van Langenhove à une manifestation française en soutien au groupuscule d’extrême droite ‘Génération identitaire’. La communication quelque peu brouillée de Van Grieken peut également expliquer cette baisse.
Le cas Jef Elbers
Ce matin, le président du parti d’extrême droite s’est aventuré sur une pente glissante sur Radio 1, lors d’une discussion à propos du candidat qui devait siéger au conseil d’administration du Fonds flamand pour l’audiovisuel (VAF).
Chaque année, le VAF attribue d’importantes subventions pour la réalisation de films et de séries. Son conseil d’administration est composé de personnalités issues du monde politique. Chaque parti peut envoyer des représentants, proportionnellement à sa présence au parlement flamand. L’idée est d’envoyer une personne qui a de bonnes connaissances dans la culture audiovisuelle de la Région. La N-VA a donc envoyé Siegfried Bracke, ancien journaliste et animateur télé. Le Vlaams Belang devait être représenté par Jef Elbers, un ancien scénariste de la VRT qui a, entre autres, co-écrit la série Merlina.
Mais ce weekend, l’homme s’est laissé aller dans une opinion sur l’orientation sexuelle publiée dans De Standaard. Et ses propos ont de quoi choquer. Quelques exemples:
- ‘C’est exactement comme si l’hétérosexualité devenait anormale. Tout le monde doit être gay, car c’est louable’.
- ‘La sexualité normale est toujours l’hétérosexualité.’
- ‘La promotion des personnes transgenres est une maladie qui affecte le cerveau. La transsexualité est anormale et je dis cela sans jugement de valeur: ce n’est pas la norme, donc anormale.’
Cette opinion a très rapidement provoqué des critiques venues de toute la Flandre. Le président du VAF, Kenneth Taylor (Open Vld), bourgmestre de Wichelen, a déjà annoncé que l’assemblée générale n’acceptera pas Jef Elbers.
Vlaams Belang homophobe?
Ce matin, Van Grieken a essayé de défendre la cause sur Radio 1, mais il ne savait pas sur quel pied danser. D’une part, le Vlaams Belang retire la candidature de Jef Elbers. Mais de l’autre, il considère qu’il s’agit d’une ‘interdiction professionnelle’, c’est-à-dire que ‘les personnes avec de mauvaises opinions ne seront plus autorisées à exercer leur profession’. ‘Ce serait une société étrange et dégoutante’, a-t-il ajouté.
Le Vlaams Belang a aussi été longuement critiqué après le meurtre de David Polfliet à Beveren. Ce jeune homme a été battu à mort après avoir été piégé sur Grindr, une application pour les personnes homosexuelles. Le ministre flamand de l’intégration Bart Somers (Open Vld) a accusé le Vlaams Belang d’être homophobe, bien que le parti nie cette accusation. Il se présente plutôt comme le ‘défenseur des homosexuels’, en signalant des problèmes avec la jeunesse musulmane dans les grandes villes et leur rejet de la communauté LGBT. Mais leur communication dérape lorsque le Vlaams Belang propose un tel personnage pour gérer le VAF.
Ce matin, Van Grieken tentait donc de sauver les apparences. Il a rejeté les propos d’Elbers, mais pas le fond du dossier: ‘Je m’oppose à l’endoctrinement transgenre. Je ne pense pas que les LGBT soient artificiels. Mais je ne soutiens pas les transgenres. Nous sommes un parti conservateur. Puis-je encore trouver étrange que les hommes portent des robes?’
‘Nous allons retirer la candidature d’Elbers. Mais pas sous la pression de Bart Somers, qui utilise un meurtre pour marquer des points. Mais parce que les déclarations personnelles d’Elbers sont souvent perçues comme homophobes.’
Dans cette interview, le président du parti d’extrême droite considère que cet acharnement médiatique va mener à un ‘marxisme culturel’. Il s’explique en faisant un parallèle avec l’Allemagne nazie: ‘Cela s’appelait un Berufsverbot. Si vous pensez qu’une opinion politique est pertinente pour exercer un emploi, vous pouvez rejoindre le Politburo et la Stasi. Une opinion politique reste une opinion.’
Le tout donne une communication à tout le moins très désordonnée.
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