Tiffany vs LVMH: peut-on encore espérer une fin heureuse?

Les romances les plus ardentes donnent lieu aux divorces les plus acrimonieux, et tout porte à croire que c’est aussi le cas pour LVHM, qui a récemment ‘rompu’ avec Tiffany. Le 21 septembre dernier se tenait au tribunal de Delaware la première audience du litige qui oppose les deux enseignes de luxe. À l’issue des plaidoiries des avocats, le juge a fixé la date d’ouverture du procès au 5 janvier 2021. Peut-on encore s’attendre à une ‘fin heureuse’ ?

Toutes les ‘belles histoires ont une fin’, mais on ignore encore quelle sera l’issue de celle-ci…

De quoi s’agit-il ? En novembre dernier, les deux parties s’étaient entendues sur une offre publique d’achat (OPA) de Tiffany par LVMH, au prix de 135 dollars (115 euros) par action, valorisant le joaillier à 16,2 milliards de dollars et ce, avant la date du 24 novembre 2020. 

Mais début septembre, le groupe LVMH a annoncé qu’il ne pouvait honorer les termes de leur accord. En cause, une lettre signée par Jean-Yves Le Drian,  le ministre des Affaires étrangères, qui suite à la menace de taxes sur les produits français, demandait de ‘postposer l’acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021’. 

Tifanny contre-attaque

Ce ‘retard’ à donné naissance à une querelle commerciale transatlantique de grande envergure. Tiffany a alors accusé LVMH d’avoir consciemment manigancé ce ‘prétendu blocage’ du ministère des Affaires étrangères (qui de son côté, a précisé que la lettre n’était qu’une recommandation, et non un ordre). Le groupe américain a assigné LVMH pour obtenir des juges que LVMH honore les termes de l’accord du 24 novembre 2019. La première séance s’est tenue le 21 septembre.

De son côté, LVMH nie avoir demandé aux autorités d’intervenir.  Seul bémol, le 22 septembre, Jean-Yves Le Drian a déclaré au Parlement français qu’il n’était intervenu qu’après que LVMH soit venu le voir.

… mais LVMH se défend

Le 28 septembre, LVMH a officiellement déposé plainte auprès de la Cour de justice de Delaware : ‘Le groupe est confiant dans sa capacité à démontrer que les conditions de réalisation de l’acquisition ne sont pas réunies et que les arguments fallacieux soutenus par Tiffany sont totalement infondés’, pouvait-on lire dans le communiqué. ‘La pandémie (dont les effets pour Tiffany sont catastrophiques et durables) constitue indéniablement une situation significativement défavorable’.

Et il se trouve qu’une clause, plus connue sous le nom de MAE (Material Adverse Effect) ‘suffit à empêcher la réalisation de l’opération’, comme indiqué dans le communiqué de LVMH.

L’accord signé en novembre 2019 inclut cette clause. D’après le géant du luxe, ‘l’absence de la mention d’une exclusion de la pandémie dans la définition de l’événement significativement défavorable dans l’accord conclu avec Tiffany est indiscutable.’

Un point que Tiffany conteste. Selon la marque de luxe, LVMH doit honorer ses engagements, l’épidémie n’étant qu’un prétexte.

Et au tribunal? 

Les tribunaux du Delaware n’ont accepté qu’une seule fois qu’un accord  de ce type soit rompu dans le passé. La justice américaine a fixé la semaine dernière au 5 janvier 2021 la date du procès devant opposer les deux groupes, suggérant toutefois aux deux parties de renouer le dialogue.

La plupart des investisseurs pensent que les deux parties se réconcilieront avant le procès, moyennant un prix légèrement inférieur: à environ 116 dollars par action, le prix des actifs de Tiffany est bien inférieur aux 135 dollars que LVMH avait accepté de payer. Mais cela sera-t-il suffisant pour que les deux parties se réconcilient et pour qu’on assise à une fin heureuse? Verdict dans les semaines à venir. 

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