Sur fond de crise du coronavirus, les relations entre la Chine et les États-Unis se détériorent inexorablement. À tel point que le fameux accord commercial entre les deux premières économies de la planète semble désormais compromis et que le terme ‘Guerre froide’ a même été lâché. Une situation ‘perdant-perdant’, affirme Graham Allison, professeur de science politique à Harvard.
Il ne se passe plus une semaine sans que de nouveaux sommets ne soient atteints dans les tensions entre la Chine et les États-Unis. Après une guerre commerciale longue de près de deux ans entre les deux grandes puissances, on pensait que la situation s’apaiserait avec la signature de la phase 1 d’un accord qualifié à l’époque d’historique, en janvier dernier. Mais c’était sans compter sur la crise du coronavirus.
Depuis la flambée de la pandémie de Covid-19, les critiques fusent entre les deux nations. Les États-Unis affirment que la Chine porte une lourde responsabilité dans la crise sanitaire mondiale, tandis que Pékin se défend de toute erreur dans sa gestion, sans pour autant accepter de faire toute la lumière à l’international.
Guerre froide
Illustration de ces tensions croissantes, le Président américain, Donald Trump, s’est dit ‘très déçu’ par la Chine, lors d’une interview accordée à la chaîne Fox Business Network à la mi-mai, au point de remettre en cause sa décision de conclure un accord avec Pékin. ‘Ils n’auraient jamais dû laisser cela [la pandémie] se produire. J’ai donc conclu un accord commercial important et maintenant je dis que je ne ressens pas la même chose. L’encre était à peine sèche et la peste est arrivée.’
Nouvelle escalade le week-end dernier lorsque que la Chine, cette fois, a brandi la menace d’une ‘guerre froide avec les Etats-Unis’.
‘Il est regrettable qu’en dehors de la dévastation causée par le nouveau coronavirus, il existe également une sorte de virus politique qui se propage aux États-Unis’, a déclaré Wang Li, le ministre chinois des Affaires étrangères. ‘Ce virus politique est le moyen de saisir toutes les occasions d’attaquer et de salir la Chine. Certains politiciens ignorent complètement les faits et ont fabriqué trop de mensonges visant la Chine et fomenté trop de complots.’
‘Perdant-Perdant’
Ce mardi, Graham Allison, professeur de science politique à l’université de Harvard, a estimé sur la chaîne CNBC que les relations sino-américaines devraient encore se détériorer à l’avenir et que ‘le dénouement de la partie débouchera probablement sur une situation perdant-perdant’.
‘Je pense que la situation va s’aggraver dans tous les domaines et j’espère que cela ne causera pas de dommages permanents’, a ajouté celui qui a également été secrétaire adjoint à la défense sous la présidence Clinton.
Chercheur à la Brookings Institution, un think tank américain spécialisé dans les sciences sociales, Cheng Li estime de son côté que ni les États-Unis ni la Chine ne sont préparés pour une escalade démesurée des tensions, même si leurs relations se sont détériorées beaucoup plus rapidement que prévu.
‘Je ne pense pas que les décideurs politiques (des deux côtés) soient vraiment prêts pour une telle guerre’, a-t-il déclaré sur la chaîne américaine. ‘Je pense que la guerre sera dévastatrice et qu’il n’y aura pas de vainqueur. Cette guerre devrait, peut et doit être évitée.’