Tensions autour de la nomination du président de Belfius

Qui succédera à Jos Clijsters au poste de président du Conseil d’administration de la banque Belfius, détenue par l’État belge? La question affecte non seulement le sommet du secteur bancaire, mais également la rue de la Loi.

Le Conseil d’administration de Belfius devait en principe se réunir la semaine dernière pour décider de son nouveau président, mais la décision a finalement été reportée. En théorie, il reste du temps avant la prochaine assemblée générale, qui ne se tiendra qu’au printemps de l’année prochaine.

Filip Dierckx, le numéro deux de BNP Paribas Fortis jusque très récemment, est le grand favori et montre un intérêt évident, mais d’autres noms circulent également.

Dierckx, qui est également président de SD Worx, devra en tout cas d’abord clarifier les éventuels conflits d’intérêts qui sont apparus chez BNP Paribas Fortis. Lors d’une réunion de la banque, à laquelle il était présent, un dossier de crédit de SD Worx a été discuté.

Selon certains, l’approche de Dierckx en matière de conflit d’intérêts est la véritable raison pour laquelle il a quitté BNP Paribas Fortis avec effet immédiat, mais lui-même le nie fermement. Il rappelle qu’il est président de SD Worx depuis de nombreuses années.

Crucial pour le dossier Arco

Au lendemain de la crise financière, Belfius, l’ancienne Dexia Banque Belgique, est tombée entièrement entre les mains de l’État belge. La nomination du président de son CA est importante pour plusieurs raisons.

Le président incarne la stratégie de la banque et constitue le lien crucial entre la rue de la Loi et la haute direction. Il jouera donc un rôle crucial si le gouvernement et/ou la banque souhaitent relancer les projets d’introduction en bourse.

Le président devra également défendre les intérêts de Belfius si le prochain gouvernement fédéral veut impliquer la banque dans l’indemnisation des coopérateurs d’Arco. Tout comme Belfius, Arco appartient à l’univers du groupe financier en faillite Dexia.

Et puis, selon certains initiés, le futur président devra à l’avenir faire contrepoids à l’énergique CEO Marc Raisière, qui est parfois perçu par les politiciens comme un franc-tireur.

Pas de comité parlementaire des finances

Le management de Belfius considère l’entreprise comme ‘une banque commerciale qui est tombée entre les mains de l’État en raison des circonstances’. Mais plusieurs partis politiques de gauche insistent pour faire de Belfius une véritable banque d’État.

Le parti d’opposition SP.A. estime que la nomination du président est trop importante pour être décidée par un gouvernement en affaires courantes. ‘Il s’agit en effet d’une fonction décisive pour le projet d’avenir de la banque dont nous sommes tous actionnaires, en tant que contribuables’, juge le député SP.A Jan Bertels.

Il a donc demandé que la commission parlementaire des finances se réunisse d’urgence en présence du ministre des Finances, Alexander De Croo (Open Vld). Cela a été refusé par la présidente, Florence Reuter (MR).

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