Les deux grosses opérations de la semaine à la Bourse de Bruxelles – l’offre publique d’achat sur Telenet et la vente des parcs éoliens offshore de Parkwind (Colruyt) – ont un point commun : un groupe étranger s’empare de manière unilatérale d’une infrastructure qui pourrait être cruciale pour notre économie.
Dans l’actualité : Spectacle à la bourse de Bruxelles : après Telenet hier, l’action Colruyt s’envole aujourd’hui. Dans les deux cas, il s’agit d’un groupe étranger qui met de l’argent sur la table.
- Dans le cas de Telenet, il s’agit de son actionnaire majoritaire américain Liberty Global, qui fait une offre publique d’achat pour les plus de 37 % d’actions qu’il ne possède pas.
- Pour Colruyt, il s’agit de sa petite-fille Parkwind, le plus grand acteur belge de l’énergie éolienne en mer. Cette division de Virya Energy, le holding énergétique du groupe Colruyt et de la famille du même nom, sera entièrement détenue par la société japonaise JERA Green.
Coïncidence ou non : dans les deux cas, des infrastructures stratégiques – télécommunications et énergie – seront détenues à 100 % par des entreprises issues de démocraties alliées sur le plan géopolitique, à savoir les États-Unis et le Japon. L’histoire serait sans doute perçue différemment si les acquéreurs provenaient de la sphère d’influence de la Chine ou de la Russie, par exemple.
Un ancrage économique sous pression
Le constat : les deux transactions sont en tout cas en contradiction avec l’idée que la Belgique devrait conserver le plus possible d’infrastructures critiques entre ses mains, ou du moins avoir son mot à dire dans ce genre de décisions stratégiques.
- L’ancrage flamand de Telenet, qui était à l’origine un projet politique flamand, a été abandonné depuis longtemps. Liberty Global est l’actionnaire majoritaire de Telenet depuis 2007. Si l’entreprise du magnat américain des télécommunications John Malone parvient bientôt à s’emparer complètement de Telenet, il se pourrait bien qu’un consortium du gouvernement flamand ne puisse pas garder un œil sur cette entreprise en tant qu’actionnaire minoritaire.
- Parkwind possède quatre parcs éoliens au large de la côte belge en mer du Nord (Belwind, Northwind, Nobelwind et Northwester 2), ainsi que des parcs éoliens et des projets ailleurs en Europe. Cette capacité de production passe désormais aux mains des Japonais.
Encore un peu d’ancrage ? Dans les deux transactions, les acquéreurs tiennent un langage apaisant. Ils soulignent que les sensibilités en Belgique continueront d’être prises en compte.
- « Nous sommes fiers de la manière dont Telenet s’est développée ces dernières années et nous restons engagés envers la Belgique et toutes les parties prenantes de l’entreprise », a déclaré Mike Fries, PDG de Liberty, dans un commentaire.
- Chez Parkwind, Virya Energy (Colruyt) pourrait même bientôt revenir à bord, mais en tant qu’actionnaire minoritaire et uniquement pour les parcs éoliens belges. « JERA invite Virya Energy à réinvestir une partie du produit attendu de la transaction dans une participation minoritaire dans les parcs éoliens belges de Parkwind », peut-on lire dans le communiqué de presse. « Les conditions de ce réinvestissement potentiel seront négociées en toute bonne foi.
MB