La coalition de droite qui a pris le pouvoir le mois dernier en Suède veut faire faire demi-tour à son pays sur la question du nucléaire. Alors que les réacteurs suédois fermaient un à un, de nouveaux vont être construits. Mais cette fois, ce sera sans son alliée de toujours, Uniper.
L’Allemagne douche les espoirs de la Suède : non, Uniper ne lui construira pas une nouvelle centrale nucléaire

Pourquoi est-ce important ?
La crise énergétique précipitée par la guerre en Ukraine a poussé de nombreux pays européens à revoir leur stratégie en la matière. Certains, comme la Suède, se (re)tournent vers le nucléaire. D'autres, comme l'Allemagne, n'en démordent pas : l'atome, c'est fini.L’actualité : Uniper se refuse à la Suède.
- Dans une interview accordée à la radio publique suédoise (Sveriges Radio), le porte-parole d’Uniper a indiqué que la firme allemande ne construirait pas de nouvelle centrale nucléaire dans le pays scandinave.
- « Uniper n’a l’intention de construire de nouvelle centrale nucléaire ni en Suède ni ailleurs, c’est un fait », a déclaré George Oppermann.
Le détail : la filiale suédoise y croyait vraiment.
- La sortie du porte-parole d’Uniper fait suite aux propos d’Åsa Carlson, la patronne de Barsebäck Kraft, filiale suédoise de la société allemande.
- Fin octobre, Carlsson avait annoncé qu’Uniper avait l’intention de construire une nouvelle centrale nucléaire en Suède, avec une fin des travaux prévue dans la première partie de la décennie 2030.
- La centrale nucléaire en question est censée prendre place au sein d’un vaste « parc d’énergie propre » mêlant également éolien, solaire et hydrogène. Celui-ci doit être conçu dans la région de Barsebäck, au nord de Malmö. Un site où avaient justement déjà été construits deux réacteurs nucléaires dans les années 1970. Mis à l’arrêt en 1999 et 2005, ils vont être démolis prochainement.
- Dans un communiqué, Uniper a expliqué n’avoir jamais accepté de concevoir cette nouvelle centrale nucléaire. Pas question donc, non plus, que sa filiale suédoise soit liée à ce projet. La société allemande a évoqué un « malentendu ».
Berlin l’assure, il n’y est pour rien
Le contexte : le gouvernement allemand aux manettes ?
- Uniper est copropriétaire des trois centrales nucléaires que compte actuellement la Suède. Ce ne sera donc plus le cas pour les suivantes.
- Asphyxié par l’arrêt des livraisons de gaz russe, Uniper a été secourue par l’État allemand. Une nationalisation est en cours. Elle sera conclue et effective en 2023.
- Dans le même temps, ce même gouvernement allemand, malgré des dissensions, a décidé d’acter la fin du nucléaire dans le pays. Sauf nouveau retournement de situation, les trois derniers réacteurs encore en activité seront mis à l’arrêt en avril 2023.
- On peut donc légitimement se demander si c’est déjà le gouvernement allemand qui a pris les commandes d’Uniper en coulisses et qui a poussé la société à dire non à la Suède. Les principaux intéressés ont toutefois infirmé cette hypothèse.
- « Si le gouvernement allemand veut le contraire [construire la centrale suédoise avec Uniper, ndlr], il pourra le dire lorsqu’il prendra le relais, mais je ne suis au courant d’aucun changement », a déclaré à la radio suédoise l’actuel porte-parole d’Uniper. Ce qui laisse donc penser que Berlin n’y est pour rien.
- « Le gouvernement fédéral travaille actuellement à la mise en œuvre du paquet Uniper. Ce n’est qu’après le transfert des actions qu’une décision peut être prise sur la manière de gérer les actifs », a commenté un porte-parole du ministère allemand de l’Économie et du Climat contacté par Euractiv.
Et maintenant, la Suède va chercher un nouveau constructeur
- « Le gouvernement s’emploie à créer les conditions d’un nouveau nucléaire et dialoguera avec les acteurs qui auront manifesté leur intérêt », a réagi l’attachée de presse de la ministre suédoise de l’Énergie et de l’Alimentation, Ebba Busch, contactée par la télévision publique SVT.