La sortie du directeur des activités nucléaires d’Engie/Electrabel relance le débat. Les deux derniers réacteurs nucléaires seront-ils prolongés au-delà de 2025? Si Engie/Electrabel venait à interrompre ses investissements, c’est game over pour le nucléaire en Belgique. L’accord de gouvernement prévoit toutefois une évaluation en novembre 2021 sur la faisabilité de la sortie du nucléaire en termes d’alternatives et de prix. Pour le président du MR, cette évaluation aura bien lieu.
L’accord du gouvernement De Croo s’est laissé une porte de sortie quant à l’arrêt des centrales nucléaires. Les alternatives doivent être suffisantes (principalement des centrales à gaz) et leur mécanisme de subventions (CRM ou ‘mécanisme de rémunération de la capacité’) doit encore faire l’objet d’un examen de la Commission européenne en termes de juste concurrence.
Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, rappelle aussi ‘qu’un prix raisonnable pour les particuliers et les consommateurs doit être garanti’.
Le président des libéraux francophones répond à la sortie de Thierry Saegeman, le directeur des activités nucléaires d’Electrabel. Pour ce dernier, Engie/Electrabel ‘doit se préparer à un arrêt définitif’. Plus tôt dans la journée de mardi, une communication interne expliquait au personnel que la société abandonnait ses investissements pour prolonger la vie des centrales. Tout en maintenant les travaux nécessaires pour 2021 sur Doel 4 et Tihange 3, les deux réacteurs susceptibles d’être prolongés.
Pour GLB, les titres de la presse sont trompeurs: ‘Engie/Electrabel a clairement indiqué qu’il continuera à travailler sur les deux scénarios’, la sortie ou les travaux de rénovation.
Un vif débat
Il est vrai que chaque article relance le débat en Belgique. Un récent rapport du groupe britannique Ember indiquait que notre pays se retrouverait parmi les pays au réseau électrique le plus polluant en Europe à l’horizon 2030 en cas de sortie du néclaire. De plus en plus de voix s’élèvent pour maintenir à moyen terme une activité nucléaire, peu émettrice en CO2, pour parvenir aux objectifs de la neutralité carbone en 2050.
Plusieurs pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni mettent en place des plans pour reconstruire des réacteurs nucléaires nouvelle génération. Récemment, le Commissaire européen au Climat, le socialiste Frans Timmermans, a déclaré que la construction de nouvelles centrales n’était plus un tabou en Europe.
Une décision politique
Pour Engie/Electrabel, il ne faut pas attendre novembre 2021 pour prendre une décision définitive. ‘La décision doit être prise pour fin 2020 au plus tard’, indiquait une note début octobre. L’AFCN, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, a à peu de chose près la même réflexion: ‘Il est important que la décision soit prise le plus rapidement possible afin de donner à toutes les parties concernées le temps nécessaire pour se préparer minutieusement et effectuer les études et travaux nécessaires en temps voulu.’ L’AFCN plaiderait auprès du gouvernement pour qu’il prenne sa décision en janvier 2021.
On sait qu’au sein même de la Vivaldi, il n’est pas simple de mettre tout le monde d’accord (sans parler de la N-VA qui s’est toujours opposée à une sortie, du côté flamand). Mais la sortie du nucléaire pour 2025 a été votée dans une loi qui date de 2003. C’est un argument récurrent des écologistes: ‘Il n’y a pas de surprise, on connait la date butoir depuis longtemps’. Cette sortie doit nous pousser à trouver des alternatives selon eux, et tant pis si ça nuit dans un premier temps aux objectifs climatiques. La ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen) a d’ailleurs soutenu la décision d’Engie: ‘Aller vers la neutralité climatique, c’est comme rénover sa maison. Cela empire avant de s’améliorer. Les centrales au gaz (émettrices de CO2) auraient été nécessaires de toute façon, car au moins cinq centrales ont été fermées.’