L’industrie des jeux sponsorise 15 des 16 clubs professionnels en 1A

La société de jeux Unibet sera le sponsor principal du FC Brugge pour les 3 prochaines années. En retour, les Blauw-Zwart recevront 6 millions d’euros, soit trois fois plus que ce que Daikin, spécialiste de la climatisation, offrait. Il s’agirait de la plus grande transaction commerciale de l’histoire du Club de Bruges et elle représentera près de 10 % du chiffre d’affaires total.

La décision n’a pas été bien accueillie par les fans des bleu-noir. « Un club de football qui prend une société de jeux en tant que sponsor. Quelle est la prochaine étape ? Le secteur de la prostitution ? Le commerce des armes ? », « Tu vends ton âme au diable, @ClubBrugge ! Normalement, j’achète un nouveau maillot chaque année, mais un comportant le nom d’une entreprise d’un secteur qui a détruit plusieurs vies et familles ? Jamais » et « Le jeu est toujours socialement irresponsable et envoie un mauvais signal aux jeunes ». Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses réactions qui circulent sur Twitter.

Le KAS Eupen, l’exception qui confirme la règle

Plus de 15 des 16 clubs qui jouent en 1A ont des liens commerciaux avec des sociétés de jeux. La seule exception est le KAS Eupen, qui est financé par un Qatari. L’islam n’a aucune tolérance pour le jeu. Peut-on dire pour autant que les fans de football d’Eupen sont mieux lotis ? Cela se discute. Il y a quelques années, la pétrodictature qatarie a lancé une vaste et coûteuse campagne, visant à redorer son image désastreuse en investissant dans le football : « le passe-temps préféré des masses ». Mais le Qatar est accusé de soutenir des organisations et des régimes terroristes depuis des années : le Hamas, l’État islamique, Al-Qaïda, les Frères musulmans, les talibans… Alors, les jeux d’argent en ligne…

Le Mundial 2018 a provoqué une percée pour l’industrie du jeu en ligne

En Belgique, le jeu en ligne légal a été introduit en 2011. Depuis, plus d’un million de Belges se sont inscrits sur un site de jeux en ligne. L’an dernier, un quart de milliard d’euros a été joué en Flandre, soit 2,5 fois plus qu’il y a quatre ans, selon les chiffres du SPF Finances.

Les jeux en ligne ont fait une percée décisive en Belgique lors du Mundial de l’année dernière. On a recensé plus de 300 000 joueurs inscrits, dont la moitié jouait pour la première fois. Les jeunes étaient les plus fortement représentés. En quatre semaines de Coupe du Monde, 673 euros en moyenne ont été déployés. « Les sociétés de jeux sont allées un peu trop loin », a déclaré Marijs Geirnaert du Centre flamand d’expertise sur l’alcool et les autres drogues (VAD), à Knack. « Les nouveaux joueurs ne sont pas sortis de nulle part : pendant le tournoi, la publicité était massive. À la télévision, en ligne, dans les rues : impossible d’y échapper. Et cela alors que les jeunes enfants étaient également accros à la Coupe du Monde. L’industrie du jeu encaissait, mais l’indignation était trop grande : on ne pouvait s’abstenir de prendre de mesures ».

La législation belge sur les jeux de hasard a donc été renforcée depuis le 1er juin. Par exemple, lors de la retransmission en direct d’événements sportifs, il n’est plus permis de faire de la publicité pour les jeux de hasard. La publicité pour les jeux d’argent est également interdite lorsque des émissions pour enfants sont diffusées. Ce n’est qu’après 20 heures qu’un spot de jeu peut être inséré par pause publicitaire.

Le durcissement des règles signifie que l’industrie des jeux d’argent se rabat aujourd’hui sur le modèle classique de la publicité. En plus des maillots, la publicité pour Unibet sera également diffusée sur les panneaux publicitaires LED autour du terrain.

Photo: Vincent Van Doornick / Isosport / MB Media / Getty Images

La fin de la décadence du football n’est pas encore en vue

Le fait que l’industrie des jeux de hasard joue encore un rôle de premier plan dans le monde du football belge ne fait que souligner à quel point le brouillage des normes est de plus en plus ancré dans ce sport. « L’affaire Zheyun Yé », l’Operation mains propres, des personnalités sombres sur nos terrains et dans les conseils d’administration, jusqu’à la nomination d’un membre de la famille d’un célèbre agent de football comme nouveau président de la Fédération royale belge de football… Nous ne sommes pas prêts de voir la fin du pourrissement du football.

La situation n’est pas différente dans les pays voisins. Dans la Premier League anglaise, la ligue de football la plus populaire au monde, les 20 clubs ont tous des liens avec des sociétés de jeux. Certains font même la promotion de plus d’une société de jeux. 9 joueurs de première ligue sur 20 ont une société de jeu en tant que sponsor de maillot, 3 clubs font de la publicité sur la manche. Dans le championnat anglais ou en deuxième division, c’est même le chiffre astronomique de 17 clubs sur 24.

Formule 1

Le monde du football n’est pas le seul à être la proie des publicités de l’industrie des jeux d’argent. La Formule 1 peut également compter sur 100 millions de dollars de sponsoring pour les 5 prochaines années. Liberty Media, la société qui a racheté le grand cirque de Formule 1 de Bernie Ecclestone en 2016 pour 8 milliards de dollars, a signé un contrat avec Interregional Sports Group l’an dernier. C’est une agence de marketing londonienne qui détient les droits de publicité mondiaux pour l’industrie du jeu.

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