« Si les banques centrales maintiennent leur cap, les actions vont encore s’effondrer de 25% »

C’est en résumé la pensée du chef des investissements de la société Bridgewater, le plus grand fonds spéculatif au monde. « Nous sommes dans un monde radicalement différent », a-t-il prévenu, dans le Financial Times.

Après une très légère accalmie, l’inflation américaine est repartie à la hausse durant le mois de mai, à 8,6%, son plus haut niveau depuis 1981. Que cette inflation soit élevée n’étonne personne, mais c’est pire que les estimations des économistes, qui tablaient sur 8,3%.

Les principaux indices boursiers ont plongé même avant l’annonce de la mauvaise nouvelle, redoutant le pire. À l’heure d’écrire ces mots, le S&P 500 et le Nasdaq perdent plus ou moins 3%.

La Fed tiendra une réunion la semaine prochaine et annoncera son ordre de marche pour les prochains mois. Avec cette inflation toujours aussi importante, aucune chance qu’elle ne change de cap. La seule incertitude repose sur l’intensité de la hausse des taux, 25 ou 50 points.

25%

Ce cap, justement, va mener les bourses vers un nouveau crash, estime Greg Jensen, co-responsable des investissements chez Bridgewater Associates. Il prédit une nouvelle chute de 25% pour les marchés d’actions.

Ce qu’il redoute encore plus que la montée des taux d’intérêt est le resserrement quantitatif de la Fed, en vendant les titres de son portefeuille. Cette stratégie pourrait « faire craquer l’économie et probablement les entreprises les plus faibles de l’économie », a-t-il déclaré au Financial Times.

Bien sûr, les marchés s’attendent à cette stratégie. Mais leur plus grande crainte est qu’elle n’influence pas positivement l’inflation qui pourrait donc perdurer. C’est d’ailleurs ce que pense Ray Dalio, le grand patron à la tête de Bridgewater Associates.

Son fonds spéculatif s’est déjà préparé à une vaste liquidation du marché des obligations d’État américaines. Mais Bridgewater a également parié que les actions américaines et européennes continueraient à chuter. Selon les indices d’ICE Data Services, les obligations d’entreprises américaines de première qualité ont perdu environ 12 % en moyenne cette année sur la base du rendement total, tandis que celles d’Europe ont chuté de 10 % en monnaie locale.

Les oiseaux de mauvais augure

Depuis le début de l’année 2022, 7.000 milliards de dollars de valeur de marché ont déjà été effacés au sein du S&P 500, les 500 plus grandes entreprises américaines cotées en bourse. Il s’agit de l’un des pires débuts d’année de l’histoire des actions américaines. Sur les marchés mondiaux, on parle désormais de plus de 11.000 milliards de dollars de pertes.

Nombreux sont les spécialistes à avoir tiré la sonnette d’alarme par rapport à une politique monétaire trop stricte. On peut citer Mohamed El-Erian, Jamie Dimon ou Jeremy Grantham. L’investisseur en chef de Guggenheim, Scott Minerd, voit même le Nasdaq s’effondrer de 75% par rapport à son pic de novembre 2021, le S&P 500 de 40% par rapport au début de l’année.

Jensen estime toutefois que le poids des 2% de taux d’inflation pourrait être un objectif trop lourd à porter pour la banque centrale. Car la montée des taux d’intérêt et son impact sur les marchés boursiers et le chômage seront un fardeau trop important pour les décideurs politiques, malgré l’indépendance apparente de la Fed. Jensen estime par conséquent que la Réserve fédérale acceptera probablement un taux d’inflation supérieur à son objectif. Mais quelle sera sa limite ?

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