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Saudi Aramco conclut des accords gigantesques avec des raffineurs chinois : coup dur pour Moscou ?

Saudi Aramco conclut des accords gigantesques avec des raffineurs chinois : coup dur pour Moscou ?
Getty Images

Rachat de parts d’un raffineur chinois et construction d’une raffinerie en Chine, avec d’autres entreprises : Saudi Aramco signe d’importants projets dans l’Empire du Milieu. Le groupe pétrolier conclut en même temps des contrats de livraisons importants pour les années à venir. Ses exportations vers la Chine devraient augmenter de 40%.

Pourquoi est-ce important ?

L'Arabie Saoudite est le premier fournisseur de la Chine, mais se trouve actuellement au coude à coude avec la Russie (qui casse les prix). Avec des contrats à long terme, Riyad veut s'assurer son rôle de premier importateur de Pékin. Ces accords pourraient être un coup dur pour la Russie.

Dans l’actu : des deals conclus entre Saudi Aramco et des entreprises chinoises.

  • Ce lundi, le groupe pétrolier saoudien a annoncé avoir conclu un accord avec Rongsheng Petrochemical. Il achète 10% des parts pour 3,6 milliards de dollars, rapporte le Financial Times. L’accord concerne aussi des livraisons de pétrole : 480.000 barils par jours sont à la clé. Ils seront livrés directement à la plus grande raffinerie de Chine.
    • Elle a une capacité de production de 800.000 barils par jour. Elle produit également plus de 4 millions de tonnes d’éthylène par an.
    • Cet accord devrait être finalisé d’ici la fin de l’année.
  • Ce dimanche, Saudi Aramco avait déjà conclu un accord avec deux autres entreprises chinoises. Le but : créer une co-entreprise afin de construire une raffinerie. Elle aura une capacité de production de 300.000 barils par jour. Les Saoudiens fourniront 210.000 barils par jour.
    • Saudi Aramco possèdera 30% de la raffinerie. L’actionnaire majoritaire sera le géant de l’armement chinois China North Industries Group, avec 51% – un partenaire commercial qui devrait déplaire aux États-Unis. Dernier propriétaire : la société d’investissement Panjin Xincheng Industrial Group (19%).
    • La raffinerie se trouvera dans le nord-est du pays et devra être prête en 2026.

Le chiffre : une hausse conséquente.

  • Dans le cadre de ces deux accords, la Chine importera 690.000 barils par jour depuis l’Arabie Saoudite.
  • C’est beaucoup, sachant qu’en 2022, tout comme en 2021, la Chine importait 1,75 million de barils par jour.
    • Il s’agirait ainsi d’une hausse de 40%.

Coude à coude avec la Russie

L’enjeu : rester le numéro 1 en Chine.

  • Sur l’année 2022, l’Arabie Saoudite était le premier fournisseur de la Chine, le plus gros importateur de pétrole au monde. La Russie arrivait en deuxième place, avec 1,72 million de barils par jour (hausse de 8% par rapport à 2022).
  • Or, depuis le jour de l’an, la donne a changé. Moscou est passé devant Riyad, avec 2 millions de barils par jour (contre plus d’1,7 million pour l’Arabie Saoudite) livrés à la Chine en janvier et février.
    • La Russie casse les prix pour vendre ses barils, notamment à cause de l’embargo européen sur le brut russe (par voie maritime), entré en vigueur en décembre. Elle a trop de pétrole sur les bras et veut s’en débarrasser.
  • Mais Riyad n’a pas envie de se faire damer le pion par Moscou. D’où ces accords gigantesques, sur le long-terme. Amin Nasser, PDG de Saudi Aramco, affirmait récemment au FT qu’ils sont « la clé pour conserver la part de marché en Chine sans avoir à réduire les prix du pétrole brut. »

L’essentiel : ce nouveau contrat, un coup dur pour la Russie ?

  • On peut aussi faire le calcul à l’envers. Si les livraisons de pétrole depuis l’Arabie Saoudite augmentent, celles depuis la Russie pourraient être mises sous pression.
    • Il y a bien sûr l’effet de la relance post-covid (toujours une « inconnue » débattue sur les marchés), qui fait que la Chine a importé plus de pétrole en janvier et février qu’en 2022 (en termes de barils par jour).
    • Mais cette hausse de 40% des importations depuis l’Arabie Saoudite pourrait bel et bien mettre les importations russes sous pression, qui pourraient ne plus augmenter d’autant, voire baisser, en fonction des besoins de la Chine et des livraisons saoudiennes déjà garanties par des contrats à long terme.
  • Cette augmentation est aussi la preuve que la Russie a finalement plus de mal à se débarrasser de son pétrole que ce qu’on ne croit. L’idée que « l’Asie va acheter le pétrole que la Russie ne vend plus en Europe » est en effet mise à mal par le fait que la Chine passe encore des commandes immenses chez d’autres fournisseurs.
    • L’autre aspect de cette idée, que le « surplus des pays délaissés par la Chine & co reviendra à l’Europe », est cependant aussi mis à mal.
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