La Russie a-t-elle bluffé en déclarant qu’elle allait produire moins de pétrole ?

En février, la Russie a annoncé son intention de réduire sa production de pétrole de 500.000 barils par jour en réponse aux sanctions occidentales. Mais plus d’un mois plus tard, cette réduction de la production ne s’est visiblement toujours pas concrétisée.

Pourquoi est-ce important ?

La Russie est l'un des plus grands producteurs de pétrole au monde. Avant que la guerre en Ukraine n'éclate, l'Europe importait d'énormes quantités d'or noir de ce pays. Mais depuis le début de l'invasion, le 24 février 2022, cette relation mutuellement bénéfique s'est effondrée. Le G7 a plafonné les prix du pétrole russe, tandis que l'UE et le Royaume-Uni ont même instauré un embargo sur ce produit.

Dans l’actualité : la Russie n’a pas expédié beaucoup moins de barils de brut que d’habitude ces dernières semaines, signe que la production n’a pas été réduite.

  • La semaine dernière, la Russie a exporté quelque 3,23 millions de barils par jour par voie maritime, rapporte l’agence de presse Bloomberg. Cela représente une réduction de seulement 90.000 barils par jour par rapport à la semaine précédente.
  • La moyenne sur quatre semaines enregistre également qu’une légère baisse de 90.000 barils par jour. Au cours des quatre dernières semaines, une moyenne de 3,32 millions de barils par jour a été expédiée depuis la Russie.
    • La moyenne sur quatre semaines donne une image plus claire, car ce chiffre est moins volatile que la moyenne hebdomadaire, qui peut fluctuer plus fortement.
  • Autre signe : la quantité de barils de pétrole stockés dans le pays a franchi la barre des 15 millions pour la première fois depuis avril de l’année dernière. Cela aussi suggère que la Russie ne produit pas moins de pétrole.

Qui achète tout ce pétrole ?

A noter : Bien que l’UE n’importe plus de brut russe par voie maritime, le Kremlin a trouvé d’autres débouchés pour ce produit.

  • Après l’entrée en vigueur d’un embargo européen le 5 décembre 2022, les exportations totales ont brièvement chuté de 3 millions à 2,5 millions de barils par jour en janvier de cette année. Depuis lors, cependant, le chiffre a fortement augmenté.
  • Cela est principalement dû à l’augmentation des exportations vers les pays asiatiques. Près de 3 millions de barils sont exportés quotidiennement vers le continent, soit beaucoup plus qu’avant la mise en place de l’embargo européen. La Russie compense ainsi la perte de la demande européenne.
  • Avant la guerre, l’Europe importait environ un million et demi de barils de pétrole brut par jour en provenance de Russie. En revanche, l’Asie n’importait alors qu’environ un million de barils par jour.
  • Ces barils sont principalement destinés à la Chine et à l’Inde, qui les achètent à un prix fortement réduit.
  • Le prix du baril sur le marché est lui en chute, ce qui ne fait pas les affaires des pays producteurs. Depuis des mois, l’Opep+ déclare vouloir réduire la production, mais ça n’a jamais été assorti d’une hausse des prix.

(CP)

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