Deux semaines et demie après l’entrée en vigueur d’un embargo européen sur les produits pétroliers raffinés tels que le diesel en provenance de Russie, ses effets commencent à se faire sentir.
Les sanctions commencent à peser sur la machine à diesel de la Russie, mais elle n’est pas encore prête à se briser

Pourquoi est-ce important ?
L'Europe essaie depuis un an de couper l'herbe sous le pied de la machine de guerre russe. Mais jusqu'à présent, l'économie du pays résiste obstinément. Un embargo sur les produits pétroliers raffinés expédiés de Russie par voie maritime est la dernière mesure majeure prise par l'Occident pour faire plier Vladimir Poutine et ses sous-fifres.Dans l’actu : Depuis l’entrée en vigueur de ces mesures, le prix à l’exportation du diesel russe a chuté, signe que l’embargo commence à produire les effets escomptés.
- Un baril de diesel russe s’est négocié jusqu’à 35 dollars de moins que les barils d’origine non russe, en début de cette semaine. C’est ce que révèlent les données de la société d’analyse Argus Media, analysées par Bloomberg.
- Avant l’embargo, les pays européens importaient environ un demi-million de barils de diesel russe par jour. Cette source de revenus ayant largement disparu pour le Kremlin (bien que les importations par des voies non maritimes soient toujours possibles), il est contraint de vendre des barils moins chers à d’autres pays, comme la Turquie et le Maroc.
- Ce dernier facteur n’a pas entraîné une chute spectaculaire des exportations. Plus d’un million de barils par jour ont encore été exportés au cours de la première moitié de février, soit un peu moins qu’en janvier, mais toujours plus que la moyenne de l’année dernière.
- Remarque : en décembre et janvier, les exportations ont été plus élevées que d’habitude, en partie parce que le pays voulait exporter le plus possible avant l’entrée en vigueur de l’embargo.
Pourtant, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prédit mercredi que la Russie aura du mal à trouver suffisamment d’acheteurs. En conséquence, elle pourrait être amenée à réduire ses activités de raffinage.
Mesures occidentales
À noter également : l’embargo sur les produits pétroliers raffinés russes n’est qu’une mesure parmi une série d’autres visant à frapper le trésor de guerre de la Russie.
- Deux mois plus tôt, le 5 décembre 2022, un embargo sur le pétrole brut russe était déjà en place. Dans le même temps, un plafonnement des prix du pétrole russe a été introduit par le G7, le groupe des sept principaux États industriels, ainsi que par l’UE.
- L’UE impose également des restrictions sur les importations d’acier, de charbon, d’or et d’une multitude d’autres matières premières en provenance de Russie.
- L’UE interdit aussi l’exportation d’un large éventail de marchandises vers la Russie. Il s’agit notamment d’ordinateurs et de puces de pointe, de biens nécessaires au secteur de l’énergie, de pièces détachées pour avions et vaisseaux spatiaux, de produits de luxe et bien d’autres choses encore.
- Pourtant, toutes ces mesures ne semblent pas encore particulièrement efficaces. Après tout, l’économie russe n’a reculé « que » de 2,1 % l’année dernière. C’est un peu moins que la contraction de 12% prévue par les analystes.
(CP)