Pendant que les USA tirent sur des ballons, ils oublient de surveiller les OVNI, alors que les témoignages se multiplient

Ryan Graves n’est pas le premier illuminé venu qui se croit dans un épisode de X-Files, loin de là. Il était pilote et ingénieur pour l’US Navy jusqu’à sa retraite en 2019. Dans un long article publié sur Politico, il relate ses confrontations, en tant que pilote, avec des phénomènes aériens non identifiés ou UAP pour « Unidentified Aerospace Phenomena » – plus communément appelés objets volants non identifiés (OVNI) par le grand public, même si cet acronyme est plus daté.

Selon Graves, les témoignages se multiplient parmi les pilotes militaires américains, et ce, depuis différentes escadrilles stationnées à différents endroits du pays ou même sur des escadres en mer.

Des pilotes qui aimeraient comprendre

« Nous sommes formés pour être des observateurs experts qui identifient les aéronefs à l’aide de nos capteurs et de nos propres yeux », rappelle-t-il. « C’est notre travail de savoir ce qui se trouve dans notre zone d’opération », précise-t-il, rapportant ses propres expériences. « C’est pourquoi, en 2014, après des mises à niveau de notre système radar, notre escadron a fait une découverte étonnante : il y avait des objets inconnus dans notre espace aérien ». « Nous avons commencé à corréler les traces radar avec de multiples systèmes de surveillance, y compris des capteurs infrarouges qui détectaient les signatures thermiques. Puis il y a eu des quasi-accidents qui nous ont obligés à prendre des mesures d’évitement. Il ne s’agissait pas de simples ballons. »

Mach 1 sans moteur apparent

L’ancien pilote décrit des objets qui, en effet, n’ont pas grand-chose en commun avec les ballons – supposément espions – qui ont défrayé la chronique en Amérique du Nord le mois dernier. Rayes décrit « un cube gris foncé à l’intérieur d’une sphère claire, immobile contre le vent » frôlé de très près par un collègue pilote en 2014. Il précise que ces étranges formes pouvaient se maintenir immobiles en pleine tempête, mais aussi accélérer à Mach 1, soit la vitesse du son, sans aucun moyen visible de sustentation, de gouverne ou de propulsion – en d’autres termes, rien qui ressemble à un avion normal avec des ailes, des volets ou des moteurs. Et ces UAP étaient plus endurants que les jets américains et hantaient certaines régions du ciel pendant des journées entières.

Le problème est connu de l’administration américaine, qui a déjà demandé plusieurs rapports officiels ces dernières années pour faire le point sur les observations de ces phénomènes mystérieux. Le grand public s’est toutefois focalisé sur la question de savoir s’ils étaient ou non d’origine extraterrestre, ce que le Pentagone n’a bien sûr pas confirmé. Le gouvernement américain a toutefois reconnu le danger potentiel que ces objets représentent pour le trafic aérien, mais pour Graves, ce n’est là que le premier palier du problème : des engins survolent le territoire américain impunément, et l’armée elle-même doit bien avouer son impuissance.

« Le public doit demander des comptes »

« Le public américain doit exiger des comptes. Nous devons comprendre ce qui se trouve dans nos cieux – point final », conclut l’ancien pilote. « Dans les prochains jours, je lancerai Americans for Safe Aerospace (ASA), une nouvelle organisation de défense, de la sécurité aérospatiale et de la sécurité nationale. ASA soutiendra les pilotes et autres professionnels de l’aérospatiale qui signalent des UAP. Notre objectif est d’exiger de nos responsables publics qu’ils divulguent davantage d’informations sur cet important problème de sécurité nationale. […] À l’heure actuelle, les pièces du puzzle de l’UAP sont éparpillées dans des silos au sein de l’armée, du gouvernement et du secteur privé. Nous devons intégrer et analyser ces énormes ensembles de données à l’aide de nouvelles méthodes comme l’IA. Nous devons également mettre ces données à la disposition des meilleurs scientifiques en dehors du gouvernement. »

L’ancien pilote de la Navy compte sans doute sur l’approche des élections présidentielles américaines pour mettre sur le devant de la scène un sujet aussi touchy. Cela peut marcher, d’autant que l’administration Biden a plusieurs fois mis en avant son désir de transparence sur ce sujet, mettant en place un groupe de travail interagences sur les observations d’UAP. Reste à voir comment le débat va évoluer. En espérant qu’il puisse être mené la tête froide, sans trop pencher vers un public qui a trop envie de croire.

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