En avril, la Russie a modifié le mode d’imposition des sociétés pétrolières du pays. À court terme, cela devrait générer 60 milliards de roubles (environ 7 milliards d’euros) de recettes, mais à long terme, les compagnies pétrolières russes pourraient accuser le coup.
L’essentiel : les taxes sont désormais basées sur le prix du baril de Brent, le prix de référence dans notre région, moins une réduction fixe. Avant avril, cette taxe était basée sur le prix du pétrole de l’Oural, la référence russe.
- Mais il y a un hic, du moins pour la Russie : le pétrole de l’Oural se négocie à environ 60 dollars le baril, soit 20% de moins que le prix du baril de Brent. En conséquence, les compagnies pétrolières russes doivent payer beaucoup plus d’impôts depuis la mise en œuvre du changement.
- Selon une analyse de la modification effectuée par un des États du G7, qui a pu être consultée par le Financial Times, la mesure nuira à l’industrie pétrolière russe. Les entreprises seront moins à même d’investir dans de nouvelles capacités d’extraction à long terme, car elles devront reverser une part plus importante de leurs revenus à l’État.
- Ce n’est pas le premier coup porté au secteur pétrolier russe. Les sanctions occidentales, qui restreignent les exportations de pétrole et de gaz, commencent également à se faire sentir. La réduction des exportations vers l’Europe, qui était l’un des principaux marchés de la Russie avant la guerre en Ukraine, a frappé le secteur.
- Au cours du premier trimestre 2023, les recettes provenant des taxes sur les compagnies pétrolières et gazières ont chuté de 45% par rapport à la même période de l’année précédente, a déclaré la source anonyme au Financial Times. Un coup dur pour le budget russe, puisque près de la moitié des recettes proviennent du secteur de l’énergie.
Sanctions européennes
Le contexte : L’Occident a introduit un certain nombre de sanctions qui ont touché le secteur énergétique russe.
- Deux mesures drastiques ont été prises au début du mois de décembre de l’année dernière. L’UE a décrété un embargo total sur le pétrole brut russe transporté par voie maritime. Dans le même temps, le G7 a plafonné le prix du baril à 60 dollars.
- Deux mois plus tard, le 5 février, un embargo européen sur les produits pétroliers tels que le diesel et le mazout a également été mis en place.
- Outre le pétrole, l’Europe importe également beaucoup moins de gaz naturel qu’avant la guerre. La part du gaz naturel importé de Russie en Europe est tombée à environ un huitième du total. Avant l’invasion de l’Ukraine, elle était d’environ la moitié.
- La Russie a partiellement compensé cette baisse en cherchant d’autres débouchés, comme la Chine et l’Inde. Mais le pays a été contraint de vendre des produits énergétiques à un prix nettement inférieur : le prix a baissé, pour un volume des échanges pratiquement inchangé.
(CP)