Le Royaume-Uni signe un accord commercial avec la Suisse

A défaut de s’entendre avec l’UE, le Royaume-Uni s’est entendu avec la Suisse. Il vient de signer avec cette dernière l’un des premiers accords visant à encadrer les échanges commerciaux entre les deux pays après le Brexit. 

Ce traité, largement inspiré de l’accord de libre-échange actuellement en vigueur entre l’UE et la Suisse, avait été signé en décembre, mais il a été ratifié lundi. Il s’agit de l’accord le plus important depuis l’annonce du Brexit.

40 accords avec 71 pays à signer idéalement d’ici… à 45 jours

Il permettra aux consommateurs suisses d’esquiver les 8 millions d’euros de droits de douane qui auraient pu frapper les importations de voitures anglaises ; de leur côté, les Britanniques pourront économiser les taxes sur les montres suisses et les produits pharmaceutiques, entre autres.

Une quarantaine d’accords ont été signés par l’UE et 71 pays dans le monde pour définir les termes des échanges commerciaux entre ces pays et le bloc, et en théorie, le Royaume-Uni devrait tous les reproduire pour maintenir ses relations commerciales avec ces nations après le Brexit.  Les échanges commerciaux avec ces pays absorbent 12 % du commerce total britannique.  Le traité signé avec la Suisse est l’un des premiers « accords de continuité » de ce type.

Les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et la Suisse s’élèvent à environ 32 milliards de livres sterling par an, et impliquent 15 000 exportateurs britanniques.

« La Suisse est l’un des partenaires commerciaux les plus précieux pour lequel nous recherchons la continuité. C’est d’une importance économique énorme pour les entreprises britanniques. Non seulement cela contribuera à soutenir l’emploi dans l’ensemble du Royaume-Uni, mais ce sera aussi une base solide sur laquelle nous pourrons bâtir des relations commerciales encore plus solides avec la Suisse lorsque nous quitterons l’UE », a déclaré Liam Fox, le ministre du Commerce international.

Rien n’est prêt avec les plus grands partenaires commerciaux hors UE

En 2017, il avait dit que le Royaume-Uni pourrait « reproduire les 40 accords de libre-échange avant de quitter l’UE » le 29 mars, afin de ne pas perturber les échanges commerciaux. Mais à un mois et demi du Brexit, seuls 4 accords de continuité (avec le Chili, les îles Feroe, l’Afrique de l’ESt et du Sud, et ce dernier, avec la Suisse) ont été signés. Mais il admet désormais que le gouvernement britannique ne parviendrait jamais à signer tous ces accords à temps avant le Brexit. En particulier, rien n’est encore prêt avec les plus grands partenaires commerciaux du pays hors UE que sont le Japon, la Corée du Sud et le Canada.

La directrice générale de la Confédération de l’industrie britannique (CBI), Carolyn Fairbairn, s’en inquiète et a déclaré que la signature de ces accords commerciaux constituait une « urgence ».

Toutefois, des accords de reconnaissance mutuelle, permettant de vendre dans un pays des produits déjà autorisés à la vente dans l’autre pays signataire, ont également été signés avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le chaos se précise en Grande-Bretagne à l’approche de la date fatidique

Au cours des derniers mois, les Britanniques ont été soumis à un flot constant de nouvelles alarmistes concernant le « scénario du pire » lié à un « no-deal Brexit », un Brexit sans accord avec l’UE. Il était question de désorganisation des chaînes logistiques et de pénuries dans les magasins, d’émeutes, de crises des ordures…

La vague de mauvaises nouvelles s’est renforcée sur les deux dernières semaines, avec l’annonce d’un ralentissement de la croissance qui n’a jamais été aussi faible depuis 2012, d’un plan d’évacuation de la Reine d’Angleterre par voie aérienne, d’un risque de famine et de malnutrition de la population, et d’une forte hausse de la criminalité.

Pas de pénurie de sacs mortuaires en vue, cependant

Aujourd’hui, Robert Peston, un journaliste de la chaîne ITV, a publié sur son compte Twitter la copie d’un courrier macabre émanant du ministre britannique de la santé, Stephen Hammond. Dans celle-ci, informait les députés que le NHS, le service de sécurité sociale britannique, a commencé à stocker des fournitures médicales d’urgence en prévision d’un « no-deal Brexit ».

Celles-ci comprennent des médicaments, des vaccins, des produits sanguins, mais aussi des sacs mortuaires… ce qui n’augure rien de bon. « Ce n’est pas une blague », confirme le journaliste.

Bien entendu, ce tweet a été abondamment commenté, dans un pays qui ne lésine guère avec l’humour et l’ironie traditionnellement. « Bien. Je vais éliminer les pénuries de sacs mortuaires de ma liste des inquiétudes liées au Brexit », écrit un internaute.

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