Moscou fait face à de nombreuses sanctions venant de l’Occident, suite à sa décision d’envahir l’Ukraine. Le pays s’est notamment vu retirer du système bancaire Swift, isolant la Russie du système financier mondial. De quoi pousser la banque centrale russe à tenter des solutions dans l’air du temps.
L’essentiel : alors que son économie et sa monnaie nationale continuent de dégringoler, la Russie va lancer le test d’un rouble numérique le mois prochain, à condition que le projet soit approuvé par la chambre haute du Parlement.
- Le projet est dans les tuyaux depuis de nombreux mois, mais a été retardé à plusieurs reprises.
- Avec ce rouble numérique, la Banque de Russie vise à proposer un outil « transparent et fiable » permettant aux utilisateurs « de suivre toutes les transactions et de surveiller les dépenses », indiquait le ministre des Finances russe, Anton Silouanov, en avril 2023.
Le détail : plusieurs banques russes sont impliquées dans le projet.
- Il permettra aux particuliers et aux entreprises d’ouvrir des portefeuilles numériques sur la plateforme de l’institution bancaire centrale et sera accessible via les différentes banques impliquées.
- Les particuliers pourront réaliser leurs transactions en rouble numérique gratuitement, tandis que les entreprises devront payer des frais de 0,3 %.
Contourner les sanctions occidentales
En instaurant un rouble numérique, la Russie cherche à contourner les sanctions que lui a infligées l’Occident en réaction à son invasion de l’Ukraine.
- En plus d’avoir été exclue du système bancaire Swift, la Russie a dû faire face à des restrictions de paiements de la part de plusieurs banques étrangères.
- Sanctions auxquelles Moscou a tenté de répondre en renforçant le commerce des monnaies nationales avec des pays tels que la Chine et l’Inde.
- Grâce à eux, l’impact des sanctions occidentales a été moins fort qu’espéré par les États-Unis et l’Europe.
- Le rouble numérique est donc une réponse à ces sanctions. Il sera d’ailleurs « utilisé pour les règlements transfrontaliers », indiquait le ministre russe des Finances. Il représente également un moyen « d’exclure l’ingérence de parties hostiles dans les transactions avec des partenaires ».
- Cette monnaie numérique pourrait également aider le pays dans sa quête de dédollarisation.
Une tendance mondiale
Le projet de la Russie, en dehors des sanctions occidentales, s’inscrit dans une tendance plus large. De plus en plus de pays cherchent en effet à lancer une version numérique de leur monnaie nationale. C’est notamment le cas de la Chine, les États-Unis, mais aussi l’Union européenne.
- En réalité, plus de la moitié des banques centrales du monde planchent sur des monnaies numériques, selon le Fonds monétaire international (FMI).
- Les avantages de ces CBDC (Central Bank Digital Currency) – différents des cryptomonnaies – sont nombreux. Ils permettraient notamment d’élargir l’accès aux services bancaires, d’améliorer l’efficacité des paiements et de réduire les coûts de transaction.
- Mais pour que ces monnaies numériques soient un succès au-delà des frontières, les différentes banques centrales devront parvenir à collaborer, mais aussi à les rendre interopérables.
- Difficile d’imaginer que le rouble numérique puisse se faire une place de choix sur la scène internationale dans le contexte actuel. La Russie pourrait cependant renouveler ses accords avec ses alliés et imposer des transactions avec la version numérique de sa monnaie nationale.