Réactions patronales et syndicales mitigées face à l’accord du gouvernement De Croo

Voka (patronat) et de l’Unizo (indépendants)

Les contours de la réforme prévoient notamment un droit individuel pour le travailleur à cinq jours de formation par an, des mesures pour faciliter le travail de nuit dans l’e-commerce, l’extinction de la cotisation spéciale de sécurité sociale ou encore la possibilité de cumuler une partie de l’allocation de chômage avec les premiers salaires dans les métiers en pénurie. Il est également prévu de réformer le trajet de réintégration des malades de longue durée.

Le Voka y voit « des éléments positifs et négatifs » mais, globalement, l’organisation patronale dit « rester sur sa faim ». « Ces réformes sont insuffisantes pour relever structurellement le taux d’emploi. Il est clair que le gouvernement fédéral tente avec un grand compromis de contenter un peu tout le monde mais au final, le travail est à moitié fait et c’est vraiment dommage », réagit en substance son administrateur délégué, Hans Maertens.

Le Voka s’attend en outre à ce que certaines réformes s’accompagnent « de charges administratives supplémentaires » pour les entreprises et déplore que d’autres mesures témoignent d’une certaine méfiance à l’égard des employeurs. L’organisation patronale dézingue notamment la suppression de l’exigence de certificat médical en cas d’absence d’un jour, mesure qui n’est pour l’heure prévue que pour les grandes entreprises.

Le Voka voit par contre d’un bon oeil les mesures relatives à l’activation des chômeurs et à la mobilité des travailleurs entre les régions, ainsi que la suppression de la cotisation spéciale de sécurité sociale.

Quant à l’organisation flamande d’indépendants, Unizo, elle veut « laisser le bénéfice du doute ». L’Unizo redoutait surtout la suppression de l’exigence de certificat médical pour un seul jour d’absence, craignant une flambée des absences « du lundi » mais, à son grand soulagement, les PME ne sont pas concernées par cette suppression.

SNI (syndicat d’indépendants) et d’Agoria (industrie technologique)

Le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) se dit globalement satisfait de l’accord sur le budget annoncé mardi par le gouvernement fédéral. Il se pose cependant des questions concernant la formation, notamment dans les petites PME.

L’organisation avait communiqué sa réticence envers la proposition de suppression du certificat médical pour une absence de courte durée mais se félicite que les PME de moins de 50 travailleurs soient exemptées de cette mesure. « Cela aurait été une catastrophe pour les ‘petits’ employeurs », ajoute le SNI. « Le certificat médical restera un moyen de contrôle des absences au travail ».

Parmi les autres mesures, le syndicat se réjouit du maintien de l’exemption de cotisations sociales sur les premiers emplois et du plan pour les métiers en pénurie, « véritable nécessité » pour le développement des PME ou l’accompagnement dans le retour au travail des malades de longue durée. « Les entreprises sont prêtes à recruter mais elles ne trouvent tout simplement pas de personnel; il faut espérer que ces différentes mesures vont y contribuer », explique-t-il.

Le SNI partage par contre ses doutes quant à la mise en œuvre de l’introduction d’un droit à cinq jours de formation par an pour les salariés. « Ce ne sera certainement pas un problème pour les grandes entreprises mais comment organiser cela dans des petites PME de quelques salariés seulement »?

L’organisation espère également voir les factures énergétiques (Agoria) baisser rapidement grâce aux mesures gouvernementales car de nombreux indépendants se retrouvent dans d’importantes difficultés financières à cause de la forte hausse des prix.

L’accord conclu au sein du gouvernement fédéral dans le cadre du budget 2022 s’attaque « aux bonnes thématiques » mais les mesures de mise en œuvre ne sont pas assez élaborées, a réagi Agoria, la fédération de l’industrie technologique.

« L’ambition et le point de départ du budget et de la déclaration de politique générale, notamment que d’ici 2030 au moins huit travailleurs sur 10 âgés de 20 à 64 ans aient un emploi, sont bons et nous les partageons. Le secteur technologique lui-même fait face à une pénurie de main-d’œuvre sur le marché du travail. Aujourd’hui, nous dénombrons 15.860 postes vacants qui ne trouvent pas preneurs », souligne le CEO d’Agoria, Bart Steukers.

Selon la fédération sectorielle, une série de mesures de l’accord budgétaire représentent « les premiers pas » vers l’activation, entre autres, des malades de longue durée. Alors que la dette publique enfle à nouveau, Agoria dit croire en une « troisième voie » entre réduction des dépenses publiques et hausse des impôts: l’augmentation du taux d’activité. « Chaque pour cent de taux d’emploi gagné rapporte deux milliards d’euros », a en effet calculé le centre d’études d’Agoria.

Par ailleurs, la fédération sectorielle ne voit pas d’un bon œil les cinq jours de formation individuelle par employé, qualifiant la mesure de « mauvaise réponse à une bonne question ».

Enfin, Agoria est plus positive par rapport aux mesures visant à faciliter le travail de nuit dans le commerce électronique mais se pose des questions sur le fait que les PME ne soient pas concernées par la suppression de l’obligation de certificat médical pour les absences d’un seul jour. « Cela ressemble à une discrimination entre grandes et petites entreprises ».

UCM (classes moyennes)

Le gouvernement fédéral a tenu compte des demandes des indépendants et PME francophones dans l’accord sur le budget annoncé mardi, se félicite l’Union des classes moyennes (UCM). Elle se réjouit particulièrement de la prolongation de la mesure « zéro coti » à l’embauche et du maintien de l’obligation de certificat médical dans les petites entreprises.

Parmi les notes positives, l’UCM relève la prise en compte des pénuries de main-d’œuvre avec la possibilité de cumuler allocation de chômage et salaire pendant une période limitée, mais également la hausse de la déduction pour investissements dans le digital et la transition climatique ainsi que le doublement du tax shelter en faveur des starters.

« L’UCM est satisfaite par la perspective d’une flexibilité accrue en matière de temps de travail’, ajoute l’organisation. « Les modalités d’une annualisation du calcul seront discutées entre partenaires sociaux et la porte est ouverte à la semaine en quatre jours, sur initiative de l’employeur et sans réduction du temps de travail ni hausse du coût salarial. »

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