L’entreprise américaine Honeywell déploie actuellement un puissant ordinateur quantique pour concurrencer les machines de Google et IBM. Pendant ce temps, l’Europe reste à la traîne, la faute à un budget bien trop faible.
La course aux ordinateurs quantiques, aussi appelés ‘superordinateurs’, fait rage ces derniers mois. Ces machines peuvent traiter des données à une fraction de la vitesse des ordinateurs normaux, testant plusieurs solutions à un problème à la fois. C’est Google qui a dégainé le premier en octobre dernier avec l’annonce de son Sycamore… Qui lui conférerait la suprématie quantique. Une proclamation qui n’est pas au goût d’IBM, qui la conteste aussitôt.
Maintenant, c’est au tour de l’entreprise de thermostats Honeywell d’entrer dans la danse… En grandes pompes. La société (américaine, elle aussi) affirme que son ordinateur quantique sera encore plus puissant que ceux construits par ses concurrents. Son arme secrète: l’informatique quantique à ‘ions piégés’. Cette méthode rend la machine plus précise en lui donnant un ‘volume quantique’ plus élevé, une unité utilisée pour mesurer les performances et la capacité de traitement d’un ordinateur quantique.
Selon CNN, Honeywell travaillera main dans la main avec son premier client, JPMorgan Chase, pour développer des cas d’utilisation de l’informatique quantique dans le secteur financier, la détection des fraudes et l’intelligence artificielle à destination du commerce.
Les clients pourront envoyer leurs calculs
Une opportunité qui pourrait ouvrir de nombreuses portes à Honeywell, active dans une série d’industries allant de l’aérospatiale et de la défense au pétrole et au gaz. ‘Nous voulions pouvoir déterminer comment l’informatique quantique est utilisée’, déclare Tony Uttley, président de Honeywell Quantum Solutions, à CNN Business. ‘Nous voulons en fait être notre meilleur client dans ce domaine.’
La société ne compte toutefois par rester dans son secteur de prédilection. Elle prévoit ainsi de louer la puissance de calcul de sa machine à JPMorgan et à d’autres entreprises, permettant aux clients d’envoyer des calculs à l’ordinateur quantique via la plateforme de cloud computing Azure de Microsoft.
L’Europe à la traîne
Les États-Unis dominent aussi dans la course au supercalculateur le plus puissant. En 2023, les trois laboratoires en charge de la sécurité nucléaire américaine auront accès à la machine la plus performante jamais créée, El Capitan, capable de réaliser 2 milliards de milliards d’opérations par seconde, rapporte Les Échos. Les États-Unis veulent ainsi garder leur avance face aux progrès de la Chine en la matière.
Avec un budget bien plus faible, l’Europe est indéniablement à la traîne. La France a cependant fait un pas en avant avec son supercalculateur Jean Zay. A pleine puissance, la machine offre une capacité de calcul équivalente à celle de 40.000 ordinateurs personnels (16 pétaflops, soit 16 millions de milliards d’opérations par seconde), révèle Futura Tech. On est pourtant encore bien loin du passage du ‘peta’ à ‘l’exa’ (un milliard de milliards d’opérations) consacré par El Capitan. Sans compter non plus deux autres supercalculateurs d’1 et 1,5 exaflops commandés par le ministre de l’énergie américain à l’entreprise HPE (derrière El Capitan) pour 2021.
Certes, le Royaume-Uni et son entreprise DeepMind ont pu concevoir AlphaGo, intelligence artificielle célèbre pour sa victoire contre le champion du monde du jeu de Go en 2016. Mais elle n’a pu le faire que parce qu’elle disposait de la puissance de calcul de Google… Une entreprise américaine.
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