Le 16 octobre, les mandataires du Parti communiste chinois vont élire les 200 personnes qui représenteront le Comité central du parti. Ces derniers vont ensuite voter pour les plus hautes sphères du parti, à savoir le Politburo (25 membres) et le Comité permanent (7 membres). Il s’agit de postes-clé autour de Xi Jinping, et la première étape de l’élection d’un nouveau gouvernement, qui aura lieu en mars.
Xi Jinping, actuel président de la Chine, va briguer un troisième mandat de cinq ans, une première historique. Selon de nombreux observateurs, cette réélection est plus que probable, mais il faudra attendre le mois de mars pour avoir la réponse officielle. À ces élections du 16 octobre, il devrait être réélu comme Secrétaire général du parti et comme président du comité militaire central. Mais au-delà de son élection à ces deux postes et qui semble déjà évidente, les yeux sont tournés vers les personnes qui constitueront sa garde rapprochée.
Voici les noms qui entrent en lice pour les postes clés, rapporte CNBC. Le leitmotiv qui devrait apparaître serait en tout cas que Xi Jinping essaie de consolider son pouvoir. Les personnes élues pourront aussi nous donner une idée de la direction que la Chine veut prendre lors des cinq années à venir, notamment sur la scène économique et internationale. Elle peut aussi être une première piste pour la succession de Xi.
Les vice-premiers pour remplacer le Premier ministre?
- Le nom le plus attendu est celui de la personne qui remplacera le Premier ministre Li Keqiang – le Premier ministre est celui qui a le plus de chances de devenir le prochain président (après Xi Jinping).
- Il faudra, là aussi, attendre le mois de mars pour avoir la confirmation officielle. Mais ces premières élections permettront déjà de constater certaines tendances, voire d’écarter certains candidats.
- Pour le nouveau visage officiel du pays et entre autres de l’économie, quatre noms sont pointés du doigt. Il s’agit des vice-premiers ministres, Han Zheng, Hu Chunhua, Liu He (connu pour les négociations commerciales avec les Etats-Unis ces dernières années) et Sun Chunlan (la seule femme de ce quatuor, qui serait la première à ce poste dans la Chine moderne).
- Historiquement, c’est quasi toujours un vice-premier ministre qui est devenu Premier ministre, en Chine communiste.
- « Celui qui devient premier ministre envoie en fait un signal sur le besoin primaire de Xi Jinping, ou sa considération politique et stratégique », explique Cheng Li, du think tank Brookings, cité par CNBC. Cet expert voit quatre noms possibles, représentant quatre directions politiques différentes, pour occuper le poste de Premier, dont trois de ceux indiqués plus hauts.
- Han Zheng représenterait la continuité des politiques de Xi Jinping.
- Hu Chunhua est un proche du prédécesseur de Xi, Hu Jintao, et il représenterait « l’unité du leadership » et la main tendue vers des personnes qui ne sont pas les plus proches de Xi.
- Liu He serait élu pour la « popularité internationale » dont il profite.
- En dernier lieu, l’expert propose Wang Yang, qui n’est pas actuellement vice-premier mais l’a été de 2013 à 2018. Il serait plutôt axé sur les marchés, et son élection représenterait « un changement drastique de politique ».
Ou plutôt les proches de Xi Jinping?
- Pour le Center for China Analysis, du Asia Society Policy Institute, il faudrait plutôt regarder du côté des fidèles de Xi Jinping pour connaître le nom du prochain Premier ministre.
- En tête des prédictions se trouve Li Qiang, protégé de Xi et secrétaire du Parti.
- Sinon, Ding Xuexiang, « essentiellement le chef de cabinet de Xi, ainsi que le responsable de sa sécurité personnelle, ce qui signifie qu’il fait partie de l’entourage de confiance » du président, a des chances de devenir Premier ministre, estime le centre de recherches, cité par CNBC.
- Deux autres noms possibles : Chen Min’er et Huang Kunming. Le premier est secrétaire du Parti pour la municipalité de Chongqing. Son prédécesseur à ce poste avait été « abruptement licencié » par Xi. Le deuxième est le chef du département de la propagande.
- Comme il s’agit de fidèles de Xi, la direction politique choisie sera alors la continuité du système actuel.
Qui comme chef de la diplomatie?
- Le Premier ministre n’est cependant pas le seul poste à pourvoir. Les Affaires étrangères se verront également attribuer un nouveau chef. C’est plus précisément le poste de directeur du comité central du parti pour les affaires étrangères qui est à pourvoir.
- Là, deux noms entrent en lice, note Eurasia Group. Il s’agit de Liu Jieyi, ancien représentant de la Chine à l’ONU et actuel directeur du bureau des Affaires de Taïwan du Conseil d’Etat. Une élection qui « suggèrerait que Pékin va renforcer l’accent diplomatique sur la réforme de la gouvernance mondiale et la dissuasion de ‘l’indépendance de Taïwan’ « , analyse Neil Thomas, spécialiste au sein du groupe, cité par CNBC.
- Un deuxième nom avancé est Wang Yi, actuel ministre des Affaires étrangères et ancien directeur du bureau des Affaires de Taïwan. Cette élection, également vue comme probable par Tony Saich, professeur à la Harvard Kennedy School of Government, serait « la continuité d’une politique étrangère plus dure », selon cet expert.
- Cette première nomination ouvrira la porte à une nouvelle tête au poste de ministre des Affaires étrangères (au mois de mars). Il n’est que très peu probable que Wang Yi brigue un troisième mandat à ce poste. C’est surtout le ministre qui sera en contact avec l’Occident.
- Ma Zhaoxu semble être un nom qui circule, note Nikkei Asia. Ce diplomate, actuel vice-ministre, est considéré comme un « wolf warrior » (du nom d’un film d’action chinois mettant en scène des héros patriotiques), c’est-à-dire un nationaliste à la communication offensive, qui contraste avec la retenue chinoise plus traditionnelle. Son élection devrait ainsi consolider cette approche du « loup guerrier » que la diplomatie chinoise suit depuis quelques années.
Tous ces noms avancés sont des prédictions, bien entendu. Mais dans tous les cas, le choix du Premier ministre nous dira plus sur la direction que la Chine prendra dans les cinq ans à venir et comment Xi prépare sa succession.