Que coûte la Coupe du monde de football… à la productivité ?

Pour de nombreux employeurs, la Coupe du monde en Russie signifie une perte de productivité. Ils sont en effet confrontés à une augmentation de l’absentéisme. Et même lorsque les salariés sont présents, de nombreuses heures de travail sont menacées avec les inévitables débriefings et prévisions des matches.

Maude Lavanchy et Willem Smit, journalistes à l’agence de presse Bloomberg, ont calculé que le monde s’expose à une perte de produit intérieur brut d’environ 11,9 milliards de dollars (environ 10,3 milliards d’euros) au cours des deux premières semaines de la Coupe du monde. Cependant, pour pouvoir estimer l’impact total de cet événement, les deux journalistes expliquent qu’il faut examiner les choses plus avant.

L’effet bonheur

En effet, d’un côté, on constate une perte de productivité, mais de l’autre, le football inspire un plus grand sentiment de bonheur, d’une heure avant le match à trois heures après le dernier coup de sifflet.

Or, de nombreuses études montrent que des employés heureux gagnent entre 10 et 12% de productivité. Les journées émaillées de bon matches auraient donc des retombées positives pour l’entreprise. D’un autre côté, un match décevant a un effet négatif deux fois plus marqué sur la productivité.

Une modélisation basées sur les cotes des bookmakers britanniques

Les deux journalistes se sont basés sur les cotes établies par les bookmakers britanniques pour prévoir les résultats de la coupe du Monde, et en tirer une modélisation de l’impact de ces résultats sur la productivité. Ils concluent  que pendant la phase de groupe, la moitié des 48 matches pourraient avoir des conséquences économiques, notamment lorsque ces matchs sont joués pendant les heures de travail des compatriotes des deux équipes concurrentes.

Par exemple, la France pourrait remporter son match contre le Pérou, le 21 juin prochain à 17h. En France, cela pourrait induire un gain de 354 millions de dollars (environ 306 millions d’euros). Mais cela ne compenserait pas la perte de 2 milliards de dollars (environ 1,7 milliard d’euros) de perte de productivité causée par le match pendant deux heures.

Le même phénomène prévaudrait au Brésil, l’un des grands favoris de cette coupe du monde, qui sera opposé à la Serbie le 27 juin, et au Costa Rica le 22 juin dans la phase de groupe. Ces deux matches seront joués pendant les heures de travail, observent les journalistes. Ils estiment là encore que les bénéfices liés à ces rencontres ne sera pas suffisants pour compenser la baisse de productivité.

Un match perdu de manière inattendue, contre le  Costa Rica, par exemple, pourrait être un véritable désastre économique, avec une perte de productivité qui pourrait culminer à 14,4%.

Que peuvent faire les organisations pour s’y adapter?

Le gouvernement brésilien semble avoir réfléchi à ce problème, et trouvé un certain nombre de solutions. Les fonctionnaires brésiliens pourront arriver plus tard au travail, ou partir plus tôt, lorsqu’il y aura des matches impliquant l’équipe nationale le matin ou l’après-midi.

Peu d’autres pays se montrent aussi pragmatiques que le Brésil. Beaucoup d’entreprises ignoreront l’impact de la coupe du monde et s’attendront à ce que leurs employés travaillent comme d’habitude. D’autres pourront mettront en place des horaires flexibles, et négocieront la récupération des heures ainsi perdues.

Enfin, les plus rusées d’entre elles pourraient choisir de placer un écran de télévision sur le lieu de travail afin de permettre à leur personnel de suivre les matches ensemble. Même si elles devront alors totalement renoncer à produire quoi que ce soit pendant la compétition, elles y regagneront en développement de la motivation et de l’esprit d’équipe, deux ingrédients essentiels pour une future hausse de leur productivité.

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