Le 11 mai prochain, la République tchèque sera le tout premier pays de l’UE à rouvrir ses frontières au trafic automobile et ferroviaire. Le pays espère ainsi donner un coup de fouet au secteur touristique, fortement touché par la crise du coronavirus. Le tourisme fera-t-il son retour cet été? Ou bien ne survivra-t-il que grâce à un plan Marshall, comme le préconise le commissaire européen Thierry Breton?
De nombreuses choses dépendent de la réouverture des frontières. Le passage entre Lanaken, en Belgique, et Maastricht, aux Pays-Bas, a par exemple été rouvert mardi, mais uniquement pour les déplacements jugés essentiels (comprenez les travailleurs frontaliers). Des contrôles de police sont en place pour garantir le respect des règles.
Près de 12 millions d’Européens travaillent dans le secteur du tourisme. Et dans des pays comme l’Espagne, l’Italie et la Grèce, il contribue à plus de 10% du PIB. Selon la banque suisse UBS, les revenus liés au tourisme ont chuté en mars de 95% en Italie et de 77% en Espagne.
Pourtant, la plupart des frontières demeurent fermées à ce jour. L’Espagne a indiqué la semaine dernière qu’il pourrait en être ainsi jusqu’en octobre. La France a pour sa part suspendu tous les voyages non essentiels, et ce jusqu’à nouvel ordre. Le président Emmanuel Macron a évoqué une réouverture au plus tôt le 15 juillet, tandis que l’Allemagne envisagerait plutôt la date du 15 juin. Par ailleurs, le gouvernement d’Angela Merkel a gentiment refusé une offre de l’Autriche de rouvrir la frontière entre les deux pays. Les Allemands doivent rester en Allemagne pour le moment. De toute manière, des accords bilatéraux sont-ils vraiment souhaitables au sein de l’UE?
Les vacances scolaires commencent dans 8 semaines
Bien que les vacances scolaires commencent dans 8 semaines à peine, l’UE ne semble pas prête à relancer le tourisme transfrontalier à court terme. Certains pays semblent mieux préparés que d’autres.
Le virus a également laissé des traces très différentes selon les pays concernés. L’archipel espagnol des Baléares (Majorque, Ibiza) continue d’être l’une des régions les plus sûres de l’UE, avec l’un des taux d’infection les plus faibles. Les autorités locales espèrent un retour des touristes étrangers vers la fin du mois de juillet. Mais un hôtel sur deux a déjà fait une croix sur la saison estivale.
La feuille de route de l’UE en ce qui concerne les transports et le tourisme suggère un assouplissement progressif du contrôle du trafic transfrontalier entre des régions présentant des taux de contamination tout aussi faibles. La République tchèque, la Slovaquie et la Croatie ont rapidement élaboré des plans pour mettre en place un corridor sur la côte adriatique.
Le Portugal et la Grèce, par exemple, font également état de bons chiffres, avec moins de 1.000 décès. Mais comme le montre l’exemple des Baléares, les chiffres nationaux ne disent pas forcément grand-chose. En Italie et en Espagne – deux importants foyers de Covid-19 en Europe – certaines attractions touristiques ont été épargnées par le pire. Mais voulons-nous tous y aller dès maintenant?
La Grèce et Chypre préconisent une solution au niveau de l’UE. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotákis demande l’introduction d’un protocole sanitaire pour permettre aux touristes de reprendre l’avion. En testant les passagers au départ, par exemple, et en continuant à les surveiller après leur arrivée. Ou alors en introduisant un passeport d’immunité. L’enjeu est important pour la Grèce. Le tourisme y représente en effet 20% du PIB et un emploi sur cinq, le double de la moyenne de l’UE. L’année dernière, la Grèce a accueilli 33 millions de touristes, soit trois fois sa population totale. Au cours de la dernière décennie, le secteur du voyage a représenté 18,2 milliards d’euros.
Sauver la saison semble discutable
Les Grecs espèrent que tout sera prêt dès le début du mois de juillet pour sauver la saison. Mais il est très peu probablement que ce soit effectivement le cas. L’élaboration et la mise en œuvre de tels protocoles de voyage constituent des procédures particulièrement lourdes et qui prennent énormément de temps.
Les différents gouvernements de l’UE redoutent par ailleurs comme la peste une deuxième vague d’infections au covid-19, prédite par un certain nombre d’experts. Le fait que la reprise au sein des 27 pays de l’Union progresse à des rythmes différents complique également tout accord au niveau européen. Peut-être la création d’un réseau d’attractions touristiques européennes peu touchées, plutôt qu’une organisation par pays, pourrait être un point de départ.
Mais le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, avait probablement raison lundi lorsqu’il a conseillé à ses compatriotes, sur Fox Business, de se concentrer principalement sur le tourisme intérieur cette année. Les vols internationaux avant 2021 vont être difficiles, a-t-il déclaré. Et il est peu probable que cela soit très différent au sein de l’UE.