Quand des experts de la Big Tech contre-attaquent le lobby crypto

Dans un premier effort concerté pour résister au lobbying de l’industrie crypto, un groupe d’experts de la tech a exhorté les législateurs américains à muscler leurs actions réglementaires.

Un ingénieur en chef de Google Cloud, un ancien ingénieur de Microsoft, un professeur d’Harvard, voilà quelques exemples des 26 signataires de la requête adressée aux sénateurs américains pour les appeler à « résister aux pressions de l’industrie des actifs numériques », rapporte ce mercredi le Financial Times.

Cette initiative marque le premier effort coordonné pour contre-balancer l’influence des promoteurs de la crypto. Des partisans qui voudraient, selon les auteurs, créer une sorte de zone franche, un refuge réglementaire pour ces instruments financiers numériques « risqués, défectueux et non éprouvés ».

« Les affirmations des défenseurs de la blockchain ne sont pas vraies. Ce n’est pas sécurisé, ce n’est pas décentralisé. Tout système dans lequel vous oubliez votre mot de passe et vous perdez vos économies n’est pas un système sûr », a fait valoir le professeur Bruce Schneier.

Un contre-lobby nécessaire

Une analyse récente de la base de données du Congrès relative aux dépenses de lobbying a révélé que le nombre de défenseurs d’intérêts représentant l’industrie de la crypto a plus que doublé entre 2008 et 2021 (passant de 115 à 320) tandis que l’argent dépensé en lobbying pour le secteur a plus que quadruplé, passant de 2,2 millions à 9 millions de dollars sur la même période.

« La spéculation sur les cryptomonnaies s’est emparée d’un sous-ensemble d’Américains et une petite armée de lobbyistes crypto s’est abattue sur le Congrès », estime Public Citizen, sorte de Test-Achats aux États-Unis, qui a réalisé l’analyse. « On trouve des dizaines de lobbyistes et de fonctionnaires, y compris les anciens responsables de plusieurs agences de régulation financière sous l’ancien président Donald Trump. De récentes déclarations offrent un aperçu révélateur de l’escalade rapide de la présence de ce secteur volatile dans le domaine du lobbying ».

Le géant crypto américain Coinbase a parachuté 26 lobbyistes et dépensé 1,5 million en 2021. D’autres mastodontes tels que Meta, Visa et PayPal, ont également plaidé en faveur de cette industrie, précise le FT.

Sans aucun objectif concret

L’effondrement du stablecoin de Terra, l’UST, en mai dernier a ravivé de nombreuses craintes à propos de la stabilité financière et de la menace que constitue le marché crypto. Le groupe d’experts y donne écho en évoquant « les schémas d’investissement spéculatif malsains qui sont activement vantés auprès d’investisseurs particuliers incapables de comprendre leur nature et les risques ».

Les signataires poussent encore un peu plus loin leurs griefs contre l’industrie crypto et les technologies blockchain dépourvues à leur avis de tout but réel. « La puissance de calcul engagée est l’équivalent de ce que vous pourriez faire dans un système centralisé avec un ordinateur à 100 $. Nous sommes en train de gaspiller des millions de dollars d’équipement parce que certains ont décidé que nous ne pouvions plus faire confiance au système bancaire », épingle le document.

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