Après le krach des stablecoins, préparez-vous à celui des terrains virtuels ou des NFT, prédit Morgan Stanley

La banque américaine ne joue pas au devin, mais elle doit répondre à ses clients qui s’inquiètent de la situation financière: la dégringolade du marché crypto et l’effritement des stablecoins posent-ils désormais un risque plus systématique pour les marchés financiers plus larges?

Les dernières semaines ont ressemblé à une cure de détox pour le marché des actifs cryptos. Après une bonne purge, le bitcoin reverdit et, avec lui, les autres monnaies numériques aussi. La capitalisation globale évolue toujours au-dessus du seuil symbolique des 1.000 milliards $ (1.313 précisément). Cela étant dit, les analystes de Morgan Stanley avouent que leur clientèle s’inquiète de voir les pans spéculatifs et autres produits à effet de levier crypto s’effondrer.

« Les domaines de la crypto à la mode et à effet de levier, tels que la finance décentralisée (DeFi ) et les stablecoins adossés à d’autres cryptomonnaies enregistrent des liquidations massives. Car il devient de plus en plus clair que tous les prix élevés ont été négociés sur la spéculation, avec une demande réelle limitée des utilisateurs », écrit dans un rapport l’équipe d’analystes de la banque américaine.

Et Morgan Stanley pointe du doigt les fameuses cryptomonnaies promises à prix fixe. L’augmentation massive de la capitalisation boursière des stablecoins – une multiplication par trente depuis le début de 2020 – a influencé la tenue du marché crypto car ces jetons numériques intervenaient dans des mécanismes fournissant de la liquidité et des effets de levier, soulignent les rapporteurs.

Vendre au plus fou

Le marché des cryptos n’étant pas en grande forme depuis novembre, les investisseurs ont dès lors été secoués par l’effondrement du troisième plus grand stablecoin, TerraUSD (UST), ces derniers jours. Certains stablecoins, qui ne sont pas liés à des actifs classiques (le dollar par exemple) mais à d’autres cryptos (comme l’UST couplé au LUNA, la création/destruction de l’un n’allant pas sans l’autre) ont joué un rôle grandissant dans les rouages de la spéculation au sein de l’écosystème DeFi, précise Morgan Stanley. L’événement négatif a alors exacerbé les incertitudes et généré une instabilité accrue qui ont entraîné une « réévaluation plus large des prix auxquels de nombreuses cryptos devraient se négocier ».

Dans l’éventail des actifs spéculatifs, les analystes tournent désormais leur regard désapprobateur vers les fameux tokens non fongibles (NFT) mais aussi les parcelles de terrain virtuelles. Selon Morgan Stanley, la raison pour laquelle la plupart des gens ont acheté ces actifs était basée sur l’attente qu’un autre acheteur veuille les acheter à un prix plus élevé encore. Et ainsi de suite. Appliquant le « principe du plus fou » (greater’s fool theory) pour rester poli.

C’est déjà ainsi qu’on expliquait l’envolée du bitcoin vers les 20.000 $ en 2017. Cela reste facilement convaincant de se répéter que si la valeur d’un actif crypto ne cesse de monter en flèche, c’est parce qu’une bulle se forme, parce que le cercle vicieux happe de plus en plus de victimes consentantes… Une lecture qui reste pauvrement pessimiste face aux promesses de progrès technologique.

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