L’agence spatiale russe Roscosmos a annoncé son intention de réaliser la mission non habitée Luna-25 sur la Lune en juillet de cette année. Mais les chances de réussite sont assez minces.
La fin des jours de gloire : le programme spatial russe est mort et enterré

Pourquoi est-ce important ?
La Russie (à l'époque l'Union soviétique) a été l'une des pionnières de l'exploration spatiale dans les années 1960 et 1970. Mais dans ce XXIe siècle, le pays semble prendre de plus en plus de retard dans la nouvelle course à l'espace, qui oppose principalement les États-Unis et la Chine.L’essentiel : au cours des 40 dernières années, les quelques missions russes vers d’autres cieux au cours ont connu un taux d’échec élevé.
- La dernière mission russe sur la Lune, Luna-24, remonte à 1976. Depuis lors, seules huit missions vers d’autres corps célestes ont été effectuées. Seules quatre d’entre elles ont été couronnées de succès.
- Depuis la fin de l’Union soviétique, la Russie n’a même pas réussi à effectuer une mission vers un autre astre. Deux vols vers Mars, l’un en 1996, l’autre en 2011 (destiné en fait à la lune martienne Phobos), ont échoué.
- Les vols spatiaux habités sont également en baisse ces derniers temps. Au cours des derniers mois, ce n’est pas un, mais deux vaisseaux spatiaux russes qui sont tombés en panne à la Station spatiale internationale (ISS). Roscosmos va maintenant chercher à savoir si un défaut de fabrication ne pourrait pas en être la cause.
Toujours la faute de quelqu’un d’autre
À noter : Chaque fois que quelque chose se passe mal, la Russie tente de rejeter la responsabilité sur des facteurs externes.
- La mission de 2011 vers Phobos, Phobos-Grunt, a rencontré des problèmes avant même de quitter l’orbite terrestre. À l’époque, la Russie avait affirmé que des « rayons cosmiques » avaient désactivé des systèmes à bord.
- Au début de la saga de la « capsule qui fuit », Roscosmos a d’abord tenté d’affirmer que des « micrométéorites » avaient heurté le premier vaisseau spatial en décembre. Lorsqu’une nouvelle fuite provenant d’une autre capsule a fait surface en février, cette histoire a commencé à sembler moins crédible.
- Il y a quelques années, en 2018, l’ISS a également fait parler d’elle. À l’époque, un trou avait été découvert dans… une capsule spatiale russe. On a alors prétendu qu’un astronaute de la NASA avait délibérément percé le trou dans la capsule. Mais aucune preuve n’a jamais été apportée.
Un programme lunaire « ambitieux »
À noter également : Luna-25 n’est de toute façon qu’une étape intermédiaire.
- En effet, avant la mission de 2011, la Russie avait des projets ambitieux, mais irréalistes pour explorer à nouveau la lune. Il aurait dû y avoir au moins quatre missions sur une courte période entre 2011 et 2015 ou plus tard. La Russie espérait ramener des composants lunaires sur Terre (ce que la Chine a déjà réussi à faire au cours des dernières années).
- Le calendrier s’est avéré assez irréaliste. Roscosmos n’avait même pas commencé à développer le vaisseau spatial à utiliser. Après l’échec de Phobos-Grunt, le plan a été considérablement revu à la baisse.
- Le nouveau plan prévoyait deux lancements. En 2015, un satellite devait être placé autour de la lune ; un an plus tard, un robot atterrisseur devait se poser sur le corps céleste. Mais cela n’a pas eu lieu. Même le plan revu à la baisse s’est avéré n’être rien de plus qu’un fantasme.
Lancements retardés
Et maintenant : Luna-25 devrait enfin permettre à une plateforme russe de se poser sur la Lune.
- L’atterrisseur est très complexe et doit également se poser dans un endroit qui n’a jamais été atteint auparavant : le pôle sud de la lune. La Russie veut ainsi montrer qu’elle est toujours capable de mener à bien des missions complexes par ses propres moyens.
- Mais l’histoire récente de Luna-25 n’est pas vraiment encourageante. Initialement, le lancement devait avoir lieu en octobre 2021, ce qui s’est avéré irréaliste. Cette date a donc été repoussée à septembre 2022. Un capteur utilisé pour l’atterrissage n’aurait pas fonctionné correctement lors d’un test.
- Entre-temps, la date a été encore repoussée à juillet 2023. Mais compte tenu de l’historique du programme spatial russe, tout porte à croire que cette mission sera un nouvel échec…
(SR)