Le Premier ministre britannique : “En cas de no-deal Brexit, la facture de l’UE ne sera plus due”

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a averti le président du Conseil européen Donald Tusk qu’en cas de « no-deal Brexit », c’est à dire de Brexit sans accord, le Royaume-Uni ne paierait que 9 milliards de livres (10 milliards d’euros) au lieu des 39 milliards de livres (42 milliards d’euros) qui avaient été prévus initialement. Les deux hommes se sont rencontrés à l’occasion de la réunion du G7, qui se tient actuellement à Biarritz, en France.

« Si nous ne parvenons pas à un accord, il est certainement vrai que les 39 milliards de livres sterling ne sont plus, à proprement parler, dus », a déclaré Johnson lors d’une interview donnée à la chaîne de télévision britannique ITV. « Il y aura des sommes très substantielles disponibles pour permettre à notre pays de financer ses priorités. Ce n’est pas une menace. C’est une simple réalité », a-t-il ajouté.

Une facture du Brexit négociée par Theresa May

Le montant des 39 milliards de livres mentionné par le Premier britannique correspond au montant convenu par le précédent Premier ministre britannique, Theresa May, et l’Union Européenne.

Cette somme couvre non seulement les engagements financiers pris par l’ensemble des membres de l’UE, y compris le Royaume-Uni (dont les pensions des députés britanniques, qui devront être payées jusqu’en 2064), mais aussi la valeur des actifs à facturer à  Downing Street, déduction faite des biens appartenant au Royaume-Uni, et de la quote part des propriétés et des équipements acquis collectivement par le bloc, dont le Royaume-Uni peut réclamer sa part. Cela prend notamment en compte la valeur des actualisée des biens immobiliers situés à Bruxelles, dont l’immeuble principal du Parlement européen, l’immeuble Europa qui héberge les sommets des dirigeants européens, ou encore le QG de Berlaymont qui fait l’objet d’un crédit-bail avec option de rachat à la Belgique en 2031 pour 1 euro… entre autres.

« Pas d’accord, pas de période de transition »

Ce n’est pas la première fois que le Premier britannique brandit cette menace. En juin, alors que c’était encore sa prédécesseure Theresa May qui occupait le 10, Downing Street, il avait déjà déclaré que s’il devenait Premier ministre, il refuserait de payer la note du Brexit tant que l’UE n’offrirait pas de meilleures conditions à son pays. A cette époque, un officiel du gouvernement français avait jugé que le manquement au paiement de cette somme équivaudrait à un défaut souverain.

Londres semble avoir admis cette analyse, et affirme maintenant qu’elle  n’accepterait de payer que 9 milliards de livres (soit environ 9,8 milliards d’euros), qui correspondrait au montant de la facture, déduction faite de la somme correspondant à la période de transition. Cette dernière serait en effet inexistante en cas de « no-deal Brexit », affirme le gouvernement britannique. « Si nous partons sans accord, de toute évidence, le Withdrawal Agreement (« accord de retrait ») devient sans objet », a expliqué un officiel britannique au site Politico.

Ironiquement, lors de sa rencontre en tête à tête avec le président du Conseil de l’Europe Donald Tusk dimanche – lequel avait la veille surnommé Johnson « Mr No-deal » -, cette question n’a pas été soulevée. En outre, à la suite de cette entretien, son cabinet a refusé de préciser la somme que le Royaume-Uni accepterait de verser à l’UE au titre de solde de tous comptes à l’issue de son divorce d’avec le bloc.

Les pénuries des scénarii du no-deal Brexit « improbables »

Plus tôt, Johnson avait assuré que la Grande-Bretagne pourrait « facilement faire face » à un Brexit sans accord, une éventualité dont il a rejeté la faute sur l’UE, évoquant son « inflexibilité ».

« Je pense que nous pouvons nous en sortir, c’est un grand, grand pays, le Royaume-Uni, nous pouvons facilement faire face à un scénario de no-deal Brexit ».

Le Premier britannique a également jugées « improbables » les pénuries alimentaires prédites dans le rapport « Operation Yellowhammer », un document top secret du gouvernement britannique visant à présenter de façon réaliste les conséquences pour la Grande-Bretagne d’un retrait de l’UE sans accord, et qui a fait l’objet d’une fuite la semaine dernière. Il a aussi « garanti » que les malades britanniques ne seraient pas victimes de pénuries de médicaments dans cette éventualité.

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