Poutine remet ses armes « invincibles » sur la table : un premier lot de torpilles nucléaires Poséidon serait prêt

L’agence TASS reparle soudainement de la torpille Poséidon, censée pouvoir déclencher des tsunamis sur les côtes ciblées. Une arme dont on peine à voir la moindre utilité dans le cadre de la guerre en Ukraine, mais dont le Kremlin fait grand cas. On n’est toutefois pas certain que l’engin ait pu être déployé sur un sous-marin.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que le tabou - largement auto-imposé - des livraisons à l'Ukraine de chars de bataille saute en Occident, l'armée russe n'a plus forcément grand-chose de neuf à jeter dans la bataille. Poutine usait largement d'une rhétorique des "armes miracles" avant la guerre. On les attend toujours.

Dans l’actualité : cela faisait un moment qu’on n’avait plus entendu parler de Poséidon, la torpille-drone à propulsion et à charge nucléaire que la Russie brandit depuis quelques années comme le symbole de sa puissance militaire. Voici qu’elle refait surface.

La torpille Poséidon, c’est quoi ?

  • On dirait une arme tout droit sortie d’un roman de Tom Clancy : une torpille à propulsion nucléaire et vraisemblablement pilotable à distance comme un drone sous-marin, qui aurait donc une portée virtuelle illimitée.
  • En outre, l’engin serait capable d’emporter une charge nucléaire, dans le but avouer de détruire des installations portuaires – voire une ville côtière. L’arme a aussi été décrite comme capable « d’inonder les villes côtières américaines via des tsunamis radioactifs » pour reprendre les mots du ministère de la Défense des États-Unis, en avril 2021.
  • Un point toutefois à nuancer : ce que l’on sait sur cette torpille Poséidon (code OTAN : Kanyon) se limite à ce que Moscou a bien voulu en dire, rappelle le site de référence Opex360. Il s’agirait d’une arme d’une longueur de 24 mètres pour un diamètre de 2 mètres, potentiellement autonome, d’une portée de 10.000 km, et potentiellement dotée d’une charge nucléaire estimée entre deux et… 100 mégatonnes.

Des équipages à l’entrainement

Dans l’actualité : le 10 janvier dernier, l’agence TASS a confirmé que le tout nouveau sous-marin nucléaire K-329 Belgorod, lancé en 2019, avait été déployé dans le cadre d’un entrainement à l’usage de la torpille Poséidon.

  • L’ambiguïté demeure toutefois sur le déploiement d’une arme réelle : « L’équipage du sous-marin nucléaire à usage spécial ‘Belgorod’ a terminé une série d’essais de lancements de la maquette de la torpille Poséidon », affirmait l’agence de presse russe, citant des sources au sein du ministère de la Défense.
  • À se demander donc si le système est bel et bien assez au point pour être déployé à bord d’un sous-marin censé lancer l’engin. Le dernier exercice de ce genre annoncé par les Russes, en novembre dernier, n’avait débouché sur rien. CNN avait supposé un problème technique.
  • Quelques jours plus tard, le 6 janvier dernier, l’agence TASS a annoncé qu’un premier lot de torpilles avait bel et bien été produit : « Les premières munitions Poséidon ont été fabriquées, le sous-marin Belgorod les recevra dans un futur proche », citait-elle, évoquant des sources industrielles. Ce qui sous-entend quand même que le programme a accumulé les retards.

Un premier lot tombé à l’eau

  • Le nombre et la disponibilité de ces torpilles posent d’autant plus question que Poutine aime les présenter comme « arme invincible » censée assurer la supériorité russe sur l’OTAN. Un air connu qui rappelle les « armes spéciales » d’un autre leader amateur de technologies militaires révolutionnaires.
  • En janvier 2019, la marine russe a annoncé son intention d’acquérir au moins 30 véhicules sous-marins sans pilote Poséidon, déployés sur quatre sous-marins, dont deux serviraient dans la flotte russe du Nord et deux dans la flotte du Pacifique.
  • Dans un commentaire publié en juillet 2022, l’US Naval Institute estimait que cette nouvelle arme enfreignait toutes les règles traditionnelles de dissuasion nucléaire et de classification :  « C’est une arme à propulsion nucléaire, possédant donc une portée théoriquement illimitée. Elle a le potentiel d’être à la fois une arme nucléaire stratégique et tactique tout en ne relevant pas des définitions du traité New START. »
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