Poutine a déjà perdu: les Finlandais et les Suédois n’ont jamais été aussi favorables à l’idée d’intégrer l’OTAN

Le début de la guerre en Ukraine a un effet immédiat sur l’opinion des Finlandais et des Suédois à l’égard d’une adhésion à l’OTAN. Dans les deux pays nordiques, on atteint des chiffres jusqu’alors jamais vus dans les sondages. Côté finlandais, le Parlement s’interroge déjà même sur la possibilité d’organiser un référendum.

« L’adhésion de la Finlande à l’Otan aurait de graves répercussions militaires et politiques. » Par ce tweet, le gouvernement russe a fortement déconseillé à ses voisins nordiques de rejoindre l’Alliance. Mais il apparaît que le déclenchement de la guerre en Ukraine a l’effet inverse.

Les deux pays sont officiellement non-alignés. Ils sont toutefois partenaires de l’OTAN depuis le milieu des années 1990 et ils ont mis fin à leur position neutre à la fin de la guerre froide.

Bientôt un référendum en Finlande ?

En quelques jours, en Finlande, une pétition réclamant l’organisation d’un référendum autour de l’adhésion à l’OTAN a obtenu plus de 50.000 signatures. Un seuil qui a obligé le Parlement à se saisir de la question. La question sera abordée dans un débat plus large portant sur la guerre en Ukraine.

La Première ministre finlandaise, Sanna Marin, a déclaré que l’état d’esprit des citoyens et des politiciens à l’égard de l’adhésion à l’Alliance « est en train de changer » après l’assaut de la Russie en Ukraine. Le débat sur l’OTAN « bat son plein et va certainement s’intensifier », a-t-elle confirmé. « Les Finlandais évaluent quelle est la ligne que la Russie a franchie, et quelle est la ligne que la Russie ne franchira pas… Et si la Russie franchit une ligne, devons-nous l’affronter seuls ou avec d’autres ? », a-t-elle ajouté, ne dévoilant pas sa position personnelle sur la question.

Un enthousiasme grandissant qui s’est traduit lundi par un résultat historique dans un sondage publié par le radiodiffuseur public Yle. 53% des Finlandais se sont dit favorables à une adhésion de leur pays à l’OTAN. C’est la première fois que plus de la moitié de la population dit oui. Et c’est quasiment deux fois plus qu’il y a un mois, lorsqu’un soutien à l’adhésion avait recueilli 28% dans un sondage publié par le Helsingin Sanomat.

Notons que la Finlande est le pays européen possédant la plus longue frontière avec la Russie: 1.300 km.

Record en Suède aussi

Dans le dernier sondage finlandais, il apparaît qu’une adhésion de la Suède à l’OTAN serait perçue comme un signal encourageant encore davantage Helsinki à œuvrer dans ce sens. Ainsi, 66% des sondés voudraient que la Finlande rejoigne l’OTAN si leurs voisins suédois franchissent le pas.

Et justement, en Suède aussi, la guerre en Ukraine donne davantage envie de rejoindre l’Alliance. Le soutien populaire à l’adhésion y a atteint le chiffre historique de 41%, selon un sondage réalisé par le radiodiffuseur public SVT. C’est 4 point de plus que lors de l’avant dernier sondage, réalisé en janvier. 35% des Suédois se sont dit opposés à une telle décision, soit exactement la même proportion qu’en début d’année.

Notons que ce sondage a été réalisé avant les menaces directement formulées par la Russie à l’encontre de Stockholm et de Helsinki.

La Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, est restée modérée sur la question. Suite aux menaces russes, elle a toutefois déclaré que la Suède prenait des décisions sur ses alignements en matière de politique de sécurité de façon indépendante.

Transfert d’armes

Evénement extrêmement rare: tant Helsinki que Stockholm ont décidé d’armer l’Ukraine face à la Russie.

La Suède a décidé d’envoyer à l’Ukraine des équipements de protection, notamment des casques et des gilets pare-balles, mais également 5.000 armes antichars. Un geste « exceptionnel », a souligné Mme Andersson, sans précédent depuis la guerre d’Hiver de 1939, lorsque la Suède a envoyé de l’aide à la Finlande pour contrer une invasion par l’URSS.

De son côté, Sanna Marin a fait part d’une « décision historique », la Finlande ayant décidé d’envoyer elle aussi des armes à l’Ukraine, dont 2.500 fusils d’assaut, des munitions et 1.500 armes antichars à usage unique.

Si les leaders de la Suède et de la Finlande n’hésitent donc plus à envoyer des armes et à prendre de facto une position contre la Russie dans le cadre du conflit en Ukraine, elles restent toujours relativement taciturnes sur la question de l’adhésion à l’OTAN. Toute candidature reste officiellement exclue, bien que tout soit fait pour garder la porte ouverte. Il faut dire que le sujet est brûlant, l’expansion de l’OTAN vers l’Est étant une ligne rouge pour la Russie, Moscou l’ayant déjà répété à de nombreuses reprises.

Mais en menant une guerre totale en Ukraine, Poutine est parvenu à resserrer les rangs des Ukrainiens, de l’UE, de l’OTAN, voire même de les augmenter. Pour le moment, Poutine a tout perdu.

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