Pourquoi les entreprises allemandes ont-elles tant de difficultés ?

La société allemande de produits chimiques Bayer traverse une période difficile. La politique du PDG de Bayer, Werner Baumann, a été rejetée par une majorité d’actionnaires. La raison de cette rebellion est la prise de contrôle de Monsanto par le groupe allemand en juin dernier. Toutefois, Bayer n’est pas la première grande entreprise allemande à rencontrer des problèmes ces derniers temps, écrit le magazine The Economist.

Selon plusieurs analystes, certains problèmes des entreprises allemandes se doivent à la mauvaise communication des chefs d’entreprise. Selon The Economist, il convient toutefois de s’interroger sur l’orientation de l’économie allemande basée sur les exportations.

Roundup

« Chez Bayer, à la fin du mois d’avril, 56% des actionnaires ont refusé d’approuver les politiques du directeur général Werner Baumann et de son équipe de direction », précise The Economist. « Cela n’était jamais arrivé à un dirigeant d’une société allemande cotée en bourse. »

La plupart des dirigeants d’entreprise allemands peuvent compter sur le soutien de plus de 90% des actionnaires. En 2015, 39% des actionnaires de Deutsche Bank avaient retiré leur soutien aux dirigeants Anshu Jain et Jürgen Fitschen. Ces derniers avaient alors annoncé leur démission.

Le mécontentement des actionnaires de Bayer est lié à l’acquisition de la société américaine Monsanto en juin dernier par le groupe allemand. Les critiques accusent Baumann d’avoir infecté une société en bonne santé avec les risques juridiques sous-estimés lié au Roundup, le produit phare de Monsanto. Selon certains, le Roundup pourrait provoquer le cancer.

Bayer a payé 63 milliards de dollars pour Monsanto. Bien que plusieurs études affirment que le Roundup est inoffensif, le pesticide est devenu un véritable cauchemar pour Bayer. Le cours de l’action de Bayer a chuté de 40% depuis la prise de contrôle de Monsanto en juin dernier.

Aux Etats-Unis, le nombre de plaintes contre le Roundup ne cesse d’augmenter. Ces procédures pourraient coûter très cher à Bayer. Selon certaines rumeurs, plusieurs actionnaires souhaiteraient scinder la société. Selon eux, l’activité agricole de Bayer devrait être séparée de la division pharmaceutique plus saine.

Communication

Bayer n’est toutefois pas la seule grande entreprise allemande à rencontrer des problèmes après une mésaventure américaine. Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a déjà payé 30 milliards d’euros d’amendes et de compensations aux États-Unis après avoir installé des « dispositifs de mise en échec » sur 11 millions de véhicules dans le monde entier pour tromper les tests d’émission.

Les problèmes de Deutsche Bank remontent à l’acquisition en 1999 de Bankers Trust, une banque d’investissement américaine. Daimler, le fabricant de voitures Mercedes, se remet encore de son alliance de courte durée avec Chrysler en 1998. Le producteur d’acier ThyssenKrupp n’a pas non plus connu de grands succès sur le continent américain.

Cependant, toutes les entreprises allemandes ne rencontrent pas de difficultés internationales, affirme The Economist. Des sociétés telles que Allianz, Sap, Munich Re, Siemens et Basf font d’excellents résultats. Même pour Volkswagen, le « Dieselgate » semble faire partie du passé.

Cornelius Baur, PDG allemand du consultant McKinsey, attribue certains des problèmes des entreprises allemandes à la mauvaise stratégie de communication des chefs d’entreprise. Selon Baur, les Américains évoquent des sujets « sexys » tels que la technologie lorsqu’ils parlent des réalisations de leur entreprise. Au contraire, les Allemands ont tendance à parler principalement des réglementations et des taxes.

Selon The Economist, l’orientation de l’économie allemande peut également être à l’origine des problèmes des entreprises. « La plupart des entreprises allemandes dépendent des exportations. Par conséquent, elles sont sensibles au ralentissement de l’économie chinoise, à toutes sortes de guerres tarifaires et à l’incertitude entourant le Brexit. »

L’année dernière, le bénéfice d’exploitation des entreprises du Dax, le principal indice boursier allemand, a diminué de 6,5%. Bien que l’indice soit à la hausse depuis janvier, conformément à d’autres marchés boursiers, de nombreuses entreprises allemandes pourraient connaître une année difficile.. Les constructeurs automobiles et les entreprises énergétiques allemands envisagent d’ailleurs d’envoyer de nombreux travailleurs en préretraite.

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