Peu de dirigeants mondiaux se connaissent depuis aussi longtemps que Vladimir Poutine et Angela Merkel. Mais si les deux responsables étaient autrefois capables de collaborer pacifiquement durant les moments de crise, la situation s’est dégradée au fil des années. En cause, l’attitude de Vladimir Poutine, les ‘fautes’ multiples commises par l’État russe et plus récemment, l’empoisonnement de Navalny, qui n’a fait que mettre de l’huile sur le feu.
Les relations entre les deux chefs d’États ne font que se détériorer depuis quelques temps. Mais cette situation ne date pas d’hier. En 2014 déjà, la chancelière allemande avait fait pression sur le reste de l’UE pour qu’’elle impose des sanctions économiques à la Russie, à la suite de la crise ukrainienne.
Au fil des années, la Russie a également été pointée du doigt à plusieurs reprises, notamment lorsque le Kremlin a piraté les systèmes informatiques du Bundestag en 2015, ou lorsque le meurtre d’un dissident tchétchène avait été commis en 2019 dans un parc berlinois, à la suite duquel Merkel avait à nouveau menacé la Russie d’établir des sanctions.
La réaction d’Angela Merkel, suite à l’empoisonnement de Navalny s’est révélée être d’une fermeté inhabituelle. Se rajoute à cela le débat autour de NordStream 2, un gazoduc sous-marin qui pèse 9,5 milliards d’euros, à l’origine d’une bataille économique entre Washington, Bruxelles (UE) et la Russie.
D’après l’Europe de l’Est et les Américains, Nord Stream 2 permettrait de transférer des fonds au Kremlin et de réduire les droits de transit perçus par l’Ukraine sur un gazoduc terrestre existant. Mme Merkel, qui n’était pas entièrement favorable au projet, a toutefois résisté aux demandes d’abandon du projet.
Un ‘moyen de faire pression’?
Aujourd’hui, les choses semblent toutefois bouger. Le 6 septembre, Heiko Maas, le ministre des Affaires étrangères, a déclaré que l’attitude de Vladimir Poutine face à l’empoisonnement de Navalny pourrait ‘inciter’ l’Allemagne à repenser l’accord sur le gazoduc. Merkel a également fait savoir par l’intermédiaire de son porte-parole qu’elle était du même avis, même si pour l’heure, la chancelière n’aurait toujours pas changé ses plans.
Pourtant, il s’agit peut-être plus d’une tentative pour faire pression sur Vladimir Poutine que d’une véritable menace. Renoncer au projet de Nord Stream 2 ne serait pas optimal pour l’Allemagne, qui devrait reverser des milliards d’euros à plusieurs entreprises européennes. Mais Agenla Merkel aurait déclaré à son parti qu’elle reste indécise sur la manière de procéder. Et nombreux sont ceux qui, dans son camp, se méfient d’une éventuelle surenchère.
‘Formuler des menaces sur Nord Stream 2 minimiserait indirectement la violation par la Russie de l’OIAC [Organisation pour l’interdiction des armes chimiques]’, déclare Roderich Kiesewetter, député des démocrates-chrétiens de Mme Merkel, qui préférerait des représailles à échelle européenne.
Vladimir Poutine ‘prêt à soutenir’ Loukachenko
Le tableau dressé en Biélorussie n’est pas non plus des plus positifs. Alors que des milliers de citoyens se rassemblent chaque semaine pour contester la réélection d’Alexandre Loukachenko, Vladimir Poutine s’est dit ‘prêt à soutenir le président’.
De son côté, l’UE, qui conteste les résultats des votes et dont la présidence tournante est assurée par… Merkel, s’apprête à imposer des interdictions de voyager et des gels d’actifs aux fonctionnaires biélorusses . Autre fait que Merkel conteste, l’enlèvement de Maria Kolesnikova, le leader de l’opposition en Biélorussie, portée disparue depuis le 7 septembre.
Les tensions sont donc plus fortes que jamais entre Merkel et Poutine, qui ne font que détériorer les relations entre les deux pays, sans oublier que de nouvelles sanctions pourraient donc bientôt être prises à l’égard de la Russie.