Ce mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères est arrivé en Chine. C’est la première fois qu’il s’y rend depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a maintenant un peu plus d’un mois. Jeudi, il se rendra en Inde. Qu’est-ce qui est au programme ?
Depuis le début de l’invasion, le 24 février dernier, ni la Chine ni l’Inde ne l’ont formellement condamnée. Elles ne l’ont, bien sûr, pas encouragée non plus et ont sobrement appelé à la paix. Les deux puissances asiatiques se montrent très précautionneuses, désireuses de ne pas endommager leurs relations avec la Russie. Il faut dire que Vladimir Poutine et Xi Jinping s’étaient rencontrés à Pékin quelques semaines avant le début de la guerre et qu’ils avaient convenu d’une amitié « sans limites ».
L’Afghanistan au centre des discussions
Ce mercredi matin, Sergueï Lavrov est ainsi arrivé en Chine, plus précisément dans la province d’Anhui, dans l’est du pays. Au programme: une discussion avec des responsables chinois, pakistanais, iraniens, tadjiks, turkmènes et ouzbeks. Si vous vous y connaissez un minimum en géographie, vous aurez vite fait le lien. Il s’agit de tous les pays qui partagent une frontière avec l’Afghanistan… à l’exception de la Russie.
C’est donc la question de l’Afghanistan – et non la guerre en Ukraine – qui a été communiquée comme thématique de la réunion par l’agence de presse russe Interfax. Le chef de la diplomatie des talibans au pouvoir à Kaboul, Amir Khan Muttaqi, est également attendu sur place. Il participera à un dialogue avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Leurs homologues d’Indonésie et du Qatar ont été invités à participer.
Parallèlement, une autre réunion sera organisée autour d’un « mécanisme de consultation » sur l’Afghanistan. Y participeront des diplomates représentant la Chine, la Russie et le Pakistan, mais aussi les États-Unis. Quatre pays qui forment ce qui est appelé la « Troïka élargie » sur l’Afghanistan. C’est Tom West, le représentant spécial des États-Unis pour l’Afghanistan, qui sera en charge de faire entendre la voix américaine.
Contexte tendu
Depuis que les talibans ont repris le pouvoir en août suite au retrait des troupes américaines d’Afghanistan, le pays, coupé des aides financières extérieures, traverse une grave crise économique et humanitaire.
Ces réunions en Chine surviennent également une semaine après un épisode qui a choqué plus d’une puissance étrangère: les talibans, qui avaient promis d’autoriser les jeunes filles à reprendre le chemin de l’école secondaire, ont finalement fait volte-face. Le maintien de l’interdiction a incité les responsables américains à annuler des pourparlers prévus à Doha avec les talibans et le département d’État a averti que Washington considérait cette décision comme « un tournant potentiel dans notre engagement » avec les militants, rappelle Reuters.
Les États-Unis estiment qu’ils partagent avec les autres membres de la Troïka élargie un intérêt à ce que les talibans respectent leurs engagements de former un gouvernement inclusif, de coopérer dans la lutte contre le terrorisme et de reconstruire l’économie afghane, a déclaré le porte-parole du département d’État.
« Dans le même temps, nous attendons également de la communauté internationale qu’elle apporte un soutien accru à l’Afghanistan et appelons les États-Unis à assumer efficacement la responsabilité principale de la reconstruction économique du pays », a ajouté le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Notons aussi que, la semaine dernière, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi s’est rendu à Kaboul. Une première depuis le retour des talibans au pouvoir. Il a promis que la Chine continuera d’être un partenaire et un ami du peuple afghan et d’aider le pays à atteindre une véritable indépendance et un développement indépendant, et à prendre son avenir en main, précise la chaîne télévision chinoise CGTN. La Chine veut éviter que l’Afghanistan ne devienne une base de repli pour les séparatistes et islamistes de la population ouïghoure, majoritaire dans le Xinjiang (nord-ouest).
Lavrov en Inde
Pour revenir à Sergueï Lavrov, on soulignera également qu’il prévoit de se rendre en Inde jeudi, indique Bloomberg. Cette fois, ce seront les conséquences économiques de la guerre en Ukraine qui seront en jeu. A savoir, notamment, la vente de pétrole brut russe à l’Inde et la recherche d’une méthode de paiement libellée en roupies et en roubles qui pourrait fonctionner en dehors du système de messagerie SWIFT.