Pour la première fois depuis deux décennies, le dollar et l’euro sont à moins d’un cent de la parité

Aujourd’hui, l’euro a baissé de 0,9 % à 1,009 dollar. Au cours des 12 derniers mois, la monnaie européenne a chuté de 15 % par rapport aux États-Unis.

Pourquoi est-ce important ?

L'euro est entré sur le marché en 1999 et s'échangeait encore en dessous du dollar en 2002. Finalement, la monnaie a largement dépassé le billet vert et a même atteint un sommet à 1,58 dollar en mars 2008.

Qu’est-ce qui explique la perte de valeur de l’euro par rapport au dollar ? D’abord, contrairement à la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale a augmenté les taux d’intérêt à un rythme agressif. En conséquence, les rendements des obligations du Trésor américain sont plus élevés que ceux des obligations européennes et les investisseurs ont afflué vers le dollar, une valeur refuge.

Crise énergétique

Entre-temps, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les mesures punitives prises par l’Occident à l’encontre de Moscou ont déclenché une véritable crise énergétique, qui a exacerbé l’inflation déjà très élevée dans la zone euro. L’Europe est davantage touchée que les États-Unis, d’autant que les produits énergétiques s’achètent en dollar.

Dernière nouvelle en date à ce sujet : aujourd’hui, la Russie a coupé l’Europe d’une grande partie de son approvisionnement en gaz naturel pour effectuer dix jours de travaux de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Il reste à savoir si Nord Stream 1 sera à nouveau pleinement opérationnel après les travaux. La Russie a déjà réduit de 60 % les livraisons de gaz par ce gazoduc, ce qui a conduit les États membres de l’UE à se préparer à un gel permanent du gaz. Les responsables politiques de la zone euro ont prévenu qu’une telle interruption totale de l’approvisionnement en gaz pourrait entraîner un rationnement de l’énergie et, à terme, une récession.

Pour beaucoup d’experts, la parité entre le dollar et l’euro n’est plus qu’une question de jours, voire d’heures. Kaspar Hense, gestionnaire de portefeuille senior chez BlueBay Asset Management, a déclaré à Bloomberg qu’il voyait même l’euro tomber à 0,90 dollar si l’Europe commençait à rationner l’énergie. Néanmoins, il a également noté que ce n’était pas son scénario de base.

Valeur refuge

George Saravelos, expert en taux de change à la Deutsche Bank, s’attend à ce que l’euro tombe à 0,97 ou même 0,95 dollar. Selon lui, le billet vert reste fort, notamment parce que les investisseurs considèrent la monnaie américaine comme une valeur refuge en période de turbulences économiques.

« Si l’Europe et les États-Unis tombent en récession au troisième trimestre alors que la Fed continue de relever les taux d’intérêt, ces niveaux pourraient bien être atteints », a-t-il déclaré, cité par le média économique CNBC.

Un euro faible, c’est mauvais ?

L’euro baisse, ce qui est une bonne nouvelle pour les exportations européennes. Les produits européens coûtent moins cher. Mais l’inverse est aussi vrai : la zone euro doit importer des quantités massives de nourriture et d’énergie pour se nourrir et se chauffer. Plus l’euro est bas, plus ces importations massives deviennent coûteuses.

(BL)

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