Pollution massive de l’Escaut: les autorités françaises nient toute responsabilité

‘Il n’y a eu aucune négligence des autorités françaises’, après la pollution fluviale causée par la rupture d’une digue d’une usine Tereos du Nord, a estimé jeudi le préfet du département, répondant aux accusations belges et renvoyant la responsabilité sur le groupe sucrier.

‘Il y a une entreprise qui, clairement, a des comptes à rendre à l’autorité administrative et à la justice. Je ne voudrais pas qu’on fasse d’un des acteurs de la régulation, de la protection de l’environnement, un fautif’, a lancé le préfet du Nord Michel Lalande lors d’une conférence de presse, reconnaissant toutefois des ‘angles morts’ dans l’observation du terrain les jours suivants, en raison notamment de la crise sanitaire.

100.000 m3 de liquide noirâtre

Dans la nuit du 9 au 10 avril, à la suite de la rupture d’une digue qui retenait les eaux de lavage de betteraves d’une usine Tereos à Escaudoeuvres, quelque 100.000 m3 de liquide noirâtre -essentiellement des matières organiques- s’étaient déversés, notamment dans l’Escaut, qui traverse la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Après avoir constaté une mortalité très importante des poissons, la Belgique avait rapidement accusé la France de ‘négligence’ pour n’avoir pas ‘signalé’ cette pollution.

‘Ce n’est pas l’Etat français qui a rompu la digue’

‘Ce n’est pas l’Etat français qui a rompu la digue’, a souligné M. Lalande, jugeant le terme de ‘négligences (…) très inapproprié’.

D’une part, la rupture a d’abord ‘été traitée comme un phénomène de sécurité civile’.

‘Deuxièmement, c’était le week-end de Pâques’ et ‘la période de confinement’: les marcheurs, joggeurs ou pêcheurs, ‘tous ceux qui participent (habituellement) à l’observation des évènements locaux, sont nos informateurs du quotidien, n’étaient pas là’, a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, ‘les premières informations remontant le 13 avril (…) c’est que la qualité de l’eau’ près de l’usine était ‘revenue à la normale’. Si ‘une mortalité des poissons’ a été observée les 13 et 21 avril, ‘rien au départ’ ne laissait deviner ‘qu’il s’agissait d’un phénomène important et qui s’étendait’.

‘Il y a des leçons à tirer’

‘Il y a des leçons à tirer’, a-t-il ajouté pour, ‘dans les situations de fonctionnement dégradé (…) maintenir des balises’ permettant d’observer au mieux le terrain.

Mais ‘si la digue a cédé, c’est qu’elle doit sans doute être interrogée sur son entretien, les conditions d’exploitation’, a-t-il conclu, assurant exercer un ‘contrôle régulier’ et avoir depuis l’incident ‘imposé à Tereos une liste de prescriptions très complète’. ‘Une enquête judiciaire est en cours (…) et s’il y a eu faute, il y aura sanction’.

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