Délit de frime : La police de Rotterdam peut confisquer les vêtements griffés des jeunes qui ne peuvent pas se les acheter

Quelle est la procédure ?
A Rotterdam, la police peut maintenant confisquer les vêtements griffés et les montres de luxe si leur possesseur ne peut expliquer comment il les a payés. La police vise surtout les jeunes, explique le chef de la police de Rotterdam Frank Paauw dans De Telegraaf. De cette manière, la police et le ministère public veulent lutter contre ce que l’on appelle la « subversion ».

«Nous saisissons régulièrement une Rolex d’un suspect. Les vêtements, c’est plus rare. Ce sont surtout des symboles de statut pour les jeunes. Certains jeunes se baladent maintenant avec des manteaux de 1800 euros. Ils n’ont aucun revenu, de ce fait, la question est de savoir comment ils ont pu se le procurer ».

A Rotterdam, plusieurs gangs sont actifs dans le recrutement des jeunes de 16 et 17 ans dans les écoles et les clubs de jeunes. Ces derniers sont ensuite utilisés pour dealer de la drogue en Belgique. Selon NOS, des dizaines de jeunes du sud de Rotterdam sont arrêtés en Belgique. Ils apportent sur demande de l’héroïne et de la cocaïne à des clients de Saint-Trond, entre autres. Les drogues sont fournies par des organisations criminelles de Rotterdam Sud.

Auparavant, on mettait l’accent principalement sur les voitures coûteuses dont le financement n’était pas clair. Désormais, les policiers ont été spécialement formés pour reconnaître des vêtements griffés exclusifs dans les activités criminelles.

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La remise en cause de l’état de droit

Selon Paauw, les jeunes qui n’ont pas de revenus et qui ont souvent des dettes en raison d’une condamnation antérieure ne peuvent pas se permettre de porter des vêtements dont la valeur totale dépasse 1500 euros. Paauw évoque une « remise en cause de l’état de droit ». «C’est aussi un mauvais signal adressé aux résidents locaux. La confiscation est de ce fait importante, explique-t-il dans le journal.

La police et le ministère public vont maintenant déterminer ensemble ce qui doit être confisqué et ce qui est légalement possible. Dans un premier temps, les policiers de Rotterdam-Ouest aborderont un groupe de jeunes délinquants.

« Nous commencerons par poser spécifiquement des questions sur l’origine », dit Paauw. De cette manière, l’année dernière, on a enregistré 30 % d’interventions de confiscation dans la rue de plus. En 2016, 11,5 millions d’euros en argent et en biens ont été confisqués à Rotterdam.

Dans Vice, plusieurs jeunes critiquent une telle approche. Ils considèrent qu’elle accroit considérablement le risque de délit de faciès. « Pourquoi ne pas simplement arrêter les trafiquants de drogue lorsqu’ils sont en train de dealer ? », demande un jeune. Une autre crainte est la possibilité que ces mesures ne contribuent à détériorer encore davantage les relations entre la police et les jeunes dans la ville.
« Comment peuvent-ils prouver que les vêtements que nous portons ne sont pas un cadeau de parents plus âgés ? Et je ne pense pas qu’un délinquant auquel on aura confisqué son manteau renoncera à s’engager dans des activités délictuelles à l’avenir »

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Est-ce que c’est légal ?

Des experts juridiques et le Médiateur de Rotterdam remettent également en question les projets de la police de Rotterdam visant à saisir les vêtements et les chaussures coûteux de jeunes suspects.

Quelle sera l’étape suivante ?, se demande l’avocat de Rotterdam Jaap Spigt dans l’Algemeen Dagblad. « Viendront-ils chez vous pour savoir comment vous avez payé votre canapé ou votre télévision ? ».

 

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