Le PIB américain perd à nouveau des plumes dans sa révision finale : de quoi craindre (encore plus) la récession?

Le PIB des États-Unis s’est officiellement contracté de 1,6% sur le premier trimestre 2022. Cette dernière estimation résulte d’une croissance lente des dépenses de la part des consommateurs. Une telle revue à la baisse du taux de croissance donnera en tout cas de l’eau au moulin à la thèse d’une récession à venir.

Ni 1,4%, comme indiqué en avril, ni 1,5%, comme prédit un peu plus tard, mais 1,6% : voilà la contraction réelle du PIB américain pour le premier trimestre 2022. C’est finalement plus que le chiffre auquel le Bureau of Economic Analysis, qui a annoncé cette contraction mercredi, s’attendait, rapporte CNN Business.

C’est un phénomène assez récurrent. La perte ou les gains de croissance ne sont correctement évalués que quelques mois plus tard. Ce qui peut mener à une sous-évaluation du risque réel de récession, dans le cas présent. C’est vrai aux États-Unis comme en Europe.

Guerre et pandémie… et récession?

Le BEA analyse qu’une part de ce chiffre, non quantifiée, est le résultat de la résurgence de la pandémie observée en janvier, avec le variant omicron. La guerre en Ukraine, avec l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, a également joué un rôle.

Cette contraction de 1,6% contraste avec le taux de croissance de 6,9% observé lors du dernier trimestre 2021. Et c’est là que les peurs de récession interviennent. Si le PIB baisse à nouveau, lors du prochain trimestre, on peut théoriquement parler de récession. Mais tous les experts ne reprennent pas uniquement ces deux chiffres pour évaluer la situation – le BEA, dont l’analyse vaut de coup de sifflet officiel pour la récession, considère également plusieurs autres facteurs, et décrit la récession comme une « baisse significative de l’activité économique qui est répartie dans l’ensemble de l’économie et qui dure plus de quelques mois ».

Toujours est-il que le dernier 0,1 point que l’économie a perdu dans la version définitive des données est à imputer à une croissance des dépenses des consommateurs plus lente que ce qui était attendu, continue le BEA. Une baisse des dépenses est généralement un des éléments qui provoquent une récession. Dans cette optique, un autre chiffre est attendu en cette fin de semaine : l’indice nommé Personal Consumption Expenditures, qui reprend des données sur les dépenses des consommateurs. Il s’agit d’un outil que la Fed suit de près pour évaluer l’impact de l’inflation.

Présages de récession

Ces derniers temps, de plus en plus d’acteurs économiques annoncent que l’économie américaine va tomber en récession. L’inflation atteint des sommets qui n’avaient plus été observés en 40 ans, et la Fed, la banque centrale américaine, doit lever les taux d’intérêt pour faire baisser l’inflation (tout comme de nombreuses autres banques centrales, ailleurs dans le monde) – ce qui fait que l’argent coûtera plus cher à prêter, et cela a aussi un impact sur l’activité économique.

Les différentes estimations de la récession que donnent de nombreux investisseurs et banques de Wall Street varient dans la probabilité qu’une récession arrive, dans la date de commencement de cette récession, et dans la durée et l’intensité de celle-ci. Mais dans tous les cas, cette révision de la contraction de l’économie américaine donnera de l’eau à leur moulin.

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