Menée à travers cinq Etats américains sur plusieurs dizaines de milliers d’individus, une nouvelle étude vient confirmer la faible efficacité du vaccin Pfizer face à l’infection au variant Delta du coronavirus. En revanche, et c’est nouveau, l’autre vaccin à ARNm, celui de Moderna, affiche des résultats bien plus élevés.
Entre janvier et juillet de cette année, des chercheurs du Mayo Clinic Health System ont comparé l’efficacité des deux vaccins à ARN messager contre le Covid-19: Pfizer et Moderna. Durant ces sept mois, ils ont scruté les résultats des tests PCR effectués par 37.573 personnes entièrement vaccinées avec le premier cité et par 35.902 personnes entièrement vaccinées avec le second. Ces patients se trouvaient dans cinq Etats: Minnesota, Wisconsin Arizona, Floride et Iowa.
Globalement, les résultats sont bons. Moderna a affiché une efficacité contre l’infection au coronavirus de l’ordre de 86%. Pour Pfizer, ça passe à 76%. Si celui-ci obtient 10 points de moins, c’est à cause de ses résultats du mois de juillet, lors duquel le variant Delta est devenu dominant dans les Etats concernés par l’étude.
Ainsi, le mois dernier, les chercheurs rapportent que le vaccin Pfizer a affiché une efficacité d’à peine 42% contre l’infection. Là où Moderna s’est montré bien plus robuste, avec une efficacité qui a à peine chuté à 76%.
En Floride, par exemple, le risque d’infection en juillet pour les personnes entièrement vaccinées avec Moderna était inférieur d’environ 60% à celui des personnes entièrement vaccinées avec Pfizer, ont constaté les chercheurs.
« Si ce n’est pas un signal d’alarme, je ne sais pas ce que c’est »
La chute de l’efficacité du vaccin Pfizer survenant au même moment que l’arrivée massive du variant Delta, faire le lien entre les deux semble assez évident. Toutefois, les chercheurs soulignent aussi le fait que les mauvais chiffres de juillet pourraient être induits par une perte d’efficacité au niveau de la durée dans le temps.
« Sur base des données dont nous disposons à ce jour, il s’agit d’une combinaison des deux facteurs », a déclaré Venky Soundararajan, l’un des principaux auteurs de l’étude, cité par Axios. « Le vaccin Moderna est probablement – très probablement – plus efficace que le vaccin Pfizer dans les zones où Delta est la souche dominante, et le vaccin Pfizer semble avoir une durabilité d’efficacité plus faible. »
« Si ce n’est pas un signal d’alarme, je ne sais pas ce que c’est », a commenté un haut responsable de l’administration Biden, sous couvert de l’anonymat, à Axios.
Si le vaccin Pfizer a montré une plus faible efficacité face à l’infection au variant Delta, il confère toujours une solide protection contre les formes graves de la maladie, et donc l’hospitalisation. En revanche, cela signifie que les personnes vaccinées avec Pfizer peuvent transmettre le variant à des personnes non-vaccinées qui, elles, risquent gros. Un phénomène qui a fait dire à plusieurs chercheurs – dont le concepteur du vaccin AstraZeneca – intervenus cette semaine lors d’une réunion du parlement britannique que l’immunité collective est « irréalisable ».
Pfizer sera prêt pour le variant Delta « dans 100 jours »
Notons que l’étude des chercheurs du Mayo Clinic Health System n’a pas encore été évaluée par les pairs. Elle est en au stade de la prépublication et peut être consultée ici.
A priori, ses conclusions coïncident avec celles établies par le ministère israélien de la Santé fin juillet. Celui-ci avait indiqué que le vaccin Pfizer était efficace à 39% contre l’infection au variant Delta, et à 41% contre l’infection symptomatique de ce même variant.
Suite à la prépublication de l’étude américaine, Pfizer a publié un communiqué, indiquant que son partenaire BioNTech et elle-même « s’attendent à être en mesure de développer et de produire un vaccin sur mesure contre ce variant dans un délai d’environ 100 jours après une décision en ce sens, sous réserve de l’approbation des autorités réglementaires. »
Pour aller plus loin: