Se débarrasser des « produits chimiques éternels » qui empoisonnent l’eau potable, c’est finalement possible

Les « produits chimiques éternels » sont des composants qui, comme les microplastiques, saturent notre cadre de vie et notre organisme sans qu’on se rende compte de leur présence. Il est temps de trouver une solution avant qu’il ne soit trop tard.

Pourquoi est-ce important ?

Les es per- et polyfluoroalkyles, plus communément appelés PFAS, sont des produits chimiques à très longue durée de vie, utilisés surtout dans les emballages. Mais réduit en microparticules ils sont à peu près éternels et on en trouve à peu près partout dans les eaux et les pluies de notre planète, sans trop savoir si cela pourrait avoir un effet sur notre santé.

Le contexte : un monde saturé de produits chimiques.

  • En août dernier, une équipe de scientifiques européens tirait l’alarme : l’ensemble des eaux de notre planète recèle des taux très alarmants de produits chimiques persistants, des banquises aux nuages chargés de pluie en passant par l’eau de notre robinet.
  • Or l’impact sur la santé de ces substances issues de nos industries, et en particulier des emballages, n’est pas connu. On suspecte certains d’entre eux de favoriser l’apparition de cancers et le monde scientifique craint que, quand on découvrira la véritable dangerosité de ces substances, il soit trop tard pour faire quoique ce soit.
  • Sur les 20 dernières années, beaucoup de ces substances ont été interdites, mais elles continuent à nous cerner. Une analyse mondiale au cours des dix dernières années a révélé que les niveaux de PFAS dans l’eau de pluie « dépassent souvent largement » les niveaux recommandés par l’Agence américaine pour la protection de l’environnement. Certains produits dépassent les normes d’un facteur 14.

L’actualité : enfin une méthode efficace et bon marché de les détruire ?

  • On peut détruire les PFAs en cassant leurs liens moléculaires, mais cela nécessite beaucoup de chaleur, donc d’énergie. En outre on n’est jamais certain de ne pas dégager ainsi des substances bien plus toxiques encore pour l’environnement.
  • Mais la recherche progresse : une équipe de scientifiques de l’université de Californie Riverside a annoncé avoir mis au point une méthode fiable et bon marché de débarrasser l’eau potable de ces substances chimiques persistantes.
  • Elle utilise la lumière UV et le gaz hydrogène : en plongeant de l’hydrogène (H2) dans l’eau contaminée, on peut ioniser les molécules d’eau (H2O) explicite Science Alert.
  • Cela génère des espèces réactives, notamment des électrons hydratés, qui attaquent ensuite les liaisons solides qui maintiennent les produits chimiques PFAS ensemble. Projeter dans l’eau une lumière UV à haute énergie et à courte longueur d’onde permet également d’accélérer ces réactions chimiques qui, autrement, seraient trop lentes pour être utiles dans un contexte industriel.
  • Pour l’instant, la méthode n’a pas été appliquée pour des volumes d’eau supérieurs à un demi-litre. Mais ça marche.
  • Ce n’est pas la seule méthode mise au point cette année pour avancer sur le problème des produits chimiques éternels. En août dernier, une autre équipe de scientifiques est parvenue à dégrader des PFS en utilisant des réactifs peu coûteux et en ne laissant que des molécules inoffensives contenant du carbone et des ions fluorure.

Avec un problème de cette ampleur, nous devons envisager toutes les options sur la table.

Selma Mededovic Thagard, ingénieure chimiste à l’université Clarkson
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