Les prix du pétrole dégringolent tandis que l’once d’or pourrait atteindre un nouveau record. Soit deux indicateurs qui montrent que l’économie mondiale est dans une mauvaise posture.
La bombe à retardement de l’économie mondiale fait tic-tac : les prix de l’or et du pétrole sont les deux canaris dans la mine de charbon

Pourquoi est-ce important ?
En Asie, la croissance chinoise n'est pas celle espérée. Ici en Occident, la politique des banques centrales nous rapproche un peu plus de la récession. Une demande en berne fait plonger les prix du pétrole. De son côté, l'or joue à nouveau son rôle de valeur refuge, notamment au détriment du dollar. Deux indicateurs qui ne trompent pas.L’or noir
Le prix du pétrole Brent et WTI, respectivement le prix de référence en Amérique et en Europe, est tombé à son plus bas niveau depuis fin 2021. Et ce, alors que les stocks diminuent.
Dans l’actualité : La diminution des stocks de pétrole entraîne normalement une hausse des prix mondiaux. Mais les craintes d’une récession font que la demande d’or noir, et donc le prix, restent obstinément bas.
- Le prix du baril de WTI est passé mercredi sous la barre des 70 dollars pour la première fois depuis décembre 2021. Le baril de Brent a lui aussi chuté, à environ 73 dollars, soit une baisse d’environ 10 % en l’espace d’une semaine.
- Il est intéressant de noter que la chute des prix intervient en dépit d’une réduction de la production par les pays producteurs de pétrole membres de l’OPEP+, notamment l’Arabie saoudite, l’Irak, les Émirats arabes unis et le Koweït.
- L’OPEP+ a annoncé début avril qu’elle réduirait sa production globale d’environ un million de barils par jour. Cette annonce s’ajoutait à celle d’une réduction de la production de 500 000 barils par jour par la Russie au début de l’année, conséquence des sanctions occidentales.
- Le cartel pétrolier a essuyé de vives critiques à la suite de cette annonce, mais il a défendu sa décision en affirmant qu’il s’agissait simplement d’une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché. Le cartel craignait que la faiblesse de la demande ne fasse baisser le prix de l’or noir, ce qui semble s’être effectivement produit.
Le contexte : une faible demande de pétrole est un indicateur que les marchés s’attendent à une récession.
- Bien que les récessions aient été évitées dans la plupart des pays jusqu’à présent, la bombe à retardement économique semble faire tic-tac. L’inflation obstinément élevée dans de nombreux pays a contraint les banques centrales à relever leurs taux d’intérêt à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée. Cela rend les emprunts plus coûteux, ce qui ralentit l’économie.
- À cela s’ajoutent les turbulences dans le secteur bancaire, qui sont également une conséquence de ces taux d’intérêt plus élevés. En mars, quelques banques américaines de taille moyenne ont fait faillite, suivies par la banque européenne Credit Suisse. Entre-temps, les turbulences se poursuivent, surtout aux États-Unis : First Republic Bank n’a pas survécu et PacWest Bancorp semble être le domino suivant à tomber.
- Les signes d’un ralentissement de l’économie se font également sentir. Aux États-Unis, par exemple, les stocks de pétrole ont augmenté de manière inattendue de 1,7 million de barils la semaine dernière. Les analystes de Reuters avaient prévu une baisse de 1,2 million. La baisse de la demande est aussi perceptible en Europe. Le prix du diesel et de l’essence a baissé au cours du mois dernier, après une hausse au début du mois d’avril, peu après l’annonce de l’OPEP+.
- En Belgique, le litre de diesel ne dépasse pas 1,729 euro. Pour l’essence, le maximum est de 1,779 euro par litre.
L’or
Le prix de l’or s’est à nouveau envolé ces derniers jours. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un nouveau record ne soit battu.
L’or est considéré comme une valeur refuge lorsque la croissance économique et/ou les pics d’inflation suscitent des inquiétudes. L’incertitude dans le secteur bancaire fait également grimper les prix.
Dans l’actu : Le prix à terme de l’once d’or (environ 31 grammes) a atteint 2085,40 dollars au cours des échanges asiatiques jeudi matin. Le niveau record après la clôture d’une journée de négociation est de 2069,40 dollars, qui a été atteint en août 2020.
- Toutefois, le record historique n’a pas encore été établi. Selon le Wall Street Journal, le prix de l’or a atteint 2089,20 dollars au cours d’une journée de négociation (intraday) le même mois.
- Depuis, le prix oscille autour de 2050 dollars.
Le détail : Pourquoi le prix de l’or augmente-t-il ?
- La décision de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt a donné un coup de fouet à cette tendance. Jerome Powell, président de la banque centrale américaine, a laissé entendre lors d’un commentaire qu’une pause dans les taux d’intérêt pourrait suivre. C’est une bonne nouvelle pour les investisseurs en or, car le métal précieux ne verse pas de dividendes ou de coupons. L’or se porte mal lorsque les taux d’intérêt continuent d’augmenter.
- En outre, le dollar devrait perdre du terrain si la Fed fait une pause dans la hausse des taux. Dans le même temps, la Banque centrale européenne (BCE) devrait continuer à relever ses taux pendant un certain temps, ce qui renforcera l’euro.
- Jeudi, Christine Lagarde et son équipe ont décidé d’augmenter le taux d’intérêt de 25 points de base. Cela représente une réduction de moitié par rapport aux trois hausses précédentes. Lors d’une conférence de presse, la présidente de la BCE a toutefois ajouté qu’il y avait encore du travail à faire. « L’objectif, une inflation de 2% à moyen terme, n’est pas encore atteint », a-t-elle déclaré.
- De nouvelles hausses de taux d’intérêt pourraient inciter les investisseurs à se tourner vers les actifs à revenu fixe en Europe continentale, ce qui pourrait donc donner un nouvel élan à l’euro.