La baisse surprise de la production de l’OPEP est un coup d’épée dans l’eau : les prix du pétrole ont dégringolé depuis

Le Brent et le WTI ont tous deux perdus environ 10% sur la semaine. Ils retrouvent leur niveau de mi-mars, lorsque Silicon Valley Bant et Credit Suisse étaient sous le feu des projecteurs. Des perspectives de demande qui baisse poussent les prix vers le bas.

Pourquoi est-ce important ?

Début avril, l'OPEP+, Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, a décidé de réduire la production de pétrole de plus d'un million de barils par jour. Les prix sont partis en flèche, mais sont vite retombés : un mois plus tard, les prix ont complètement fondu.

Dans l’actu : les prix du pétrole baissent.

  • Le baril de WTI vaut 68,9 dollars à l’heure d’écrire ces lignes. Cette nuit, il a très brièvement glissé jusque 66 dollars. Depuis dimanche soir, il a perdu plus de 10%. Après la baisse de production surprise de l’OPEP début avril, il avait augmenté jusque 83 dollars ; depuis il a perdu 17%.
  • Pareil pour le Brent : Le baril se négocie à 72,9 dollars, soit une chute de 9% sur la semaine. Depuis un sommet atteint après la décision de l’OPEP (87,3 dollars), l’indice a perdu 16,5%.
  • Pour les deux indices, il faut retourner à mi-mars, au plus fort de la crise bancaire, pour retrouver un tel niveau.

Pourquoi cette baisse ?

Le contexte : la baisse de la demande.

  • Les derniers chiffres qui remontent de l’industrie chinoise sont faibles. L’activité industrielle a chuté de manière surprenante au mois d’avril. Cela pèse sur les perspectives de la demande à l’échelle mondiale et sur les prix de l’or noir, comme la Chine en est le plus gros importateur.
  • La hausse du taux d’intérêt de la Fed, décidée mercredi bien que pressentie, pèse aussi sur les perspectives. Avec des taux plus élevés, il y a plus de risques de récession, ce qui pèse aussi sur la demande. En Europe, la BCE se réunit ce jeudi et devrait également décréter une hausse des taux.
  • Dans ce contexte de baisse, il y aurait aussi trop d’offre. L’OPEP a déjà voulu réduire l’offre avec sa réduction de la production décidée en avril (et qui entre en vigueur ce mois-ci), mais elle n’entre en vigueur que ce mois-ci.
  • Le problème majeur lié à l’offre serait la Russie, qui inonde le marché avec son pétrole bon marché, car boycotté par l’Occident. Dans les faits, la Russie ne réduit pas vraiment sa production comme elle l’avait indiqué.
    • C’est ce qu’explique le spécialiste de l’énergie pour Bloomberg, Javier Blas, sur Twitter. Cette baisse du prix serait ainsi un test pour voir si l’Arabie Saoudite va dire à Moscou que « assez c’est assez, il faut (vraiment) réduire la production », écrit-il.
    • Il y a également un jeu de dupes : le pétrole russe arriverait quand même jusqu’en Europe via d’autres pays comme l’Inde ou la Turquie.
  • Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole vont-ils à nouveau réduire la production, pour contrer cette tendance baissière du prix ? Voilà une question qui pourrait bientôt à nouveau faire débat sur les marchés.
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