Les deux nations ont signalé qu’elles pourraient être ouvertes à de nouvelles réductions de production de pétrole. Une réaction qui intervient quelques jours après la conclusion du dernier accord de l’Opep+ qui n’est pas parvenu à enrayer la spirale descendante.
Après moult désaccords et péripéties, les pays de l’Opep+ s’étaient finalement accordés sur une baisse ‘historique’ de la production de 10 millions de barils par jour, dimanche dernier. Après un bref soulagement, vint le doute: et si cette réduction n’était pas suffisante? C’est ce qu’a estimé la banque d’investissement Goldman Sachs, alors que les investisseurs ne semblaient pas non plus rassurés.
Pour freiner les inquiétudes (et surtout tenter de sauver le marché) l’Arabie saoudite et la Russie ont donc envoyé un signal fort: la possibilité de nouvelles réductions de production du brut.
Les deux nations ‘continueront à surveiller étroitement le marché du pétrole et sont prêtes à prendre d’autres mesures conjointement avec l’OPEP+ et d’autres producteurs si cela est jugé nécessaire’, ont déclaré en commun le ministre russe de l’Énergie Alexander Novak et son homologue saoudien le prince Abdulaziz bin Salman. L’Arabie saoudite avait justement déclaré être prête à réduire davantage la production si nécessaire lorsque l’OPEP+ se réunira à nouveau en juin. ‘La flexibilité et le pragmatisme nous permettront de continuer à faire plus si nous le devons’, a déclaré bin Salman dimanche.
Chute infernale
Après avoir autant tergiversé à accepter une réduction de la production, voilà qu’on se dit prêt à réduire davantage. Une décision d’autant plus surprenante de la part de la Russie. Mais pourquoi un tel revirement?
Les pays pourraient avoir pris conscience de la gravité de la situation, et surtout de l’impact économique qui en résultera. Depuis l’accord de l’Opep+ dimanche, les prix du pétrole ont encore chuté de plus de 10%. Pour la première fois depuis 2002, les contrats à terme du pétrole West Texas Intermediate ont clôturé en-dessous des 20 dollars le baril mercredi. Et le cartel a déclaré jeudi prévoir une chute de la demande à son plus bas niveau depuis trois décennies. Non, ces réductions ‘historiques’ ne compenseront pas les pertes attendues suite à la pandémie de coronavirus.
Car même si les membres de l’OPEP appliquent effectivement leur part des réductions convenues, ils produiront toujours plus que ce que le marché n’exige au deuxième trimestre, selon les estimations du groupe.
Le mot d’ordre est donc désormais de limiter au maximum la casse. Les motivations de la Russie sont ici assez simples: les coffres de la nation recevront moins d’un dollar pour chaque baril de pétrole exporté, selon les calculs de Bloomberg basés sur les données du ministère russe des Finances. En période de crise, on dit que les priorités changent…
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