Pourquoi l’accord historique de l’OPEP+ ne sera pas suffisant pour sauver le marché

Le prix du baril de pétrole Brent, indicateur principal de la santé du marché, reste aux alentours des 32 dollars. Il coûtait 65 dollars au début de l’année. Et l’accord convenu entre les grands producteurs de pétrole ne semble pas rassurer les investisseurs.

Une diminution de près de 10 millions de barils de pétrole par jour entre mai et juin. C’est le chiffre au centre de l’accord finalisé pendant ce weekend de Pâques entre l’OPEP et ses partenaires. Qualifié d’historique par les signataires, il pourrait pourtant ne pas suffire pour faire remonter le cours du pétrole.

C’est tout simplement une question d’offre et de demande. La crise du coronavirus a paralysé la planète entière. La demande en pétrole a donc chuté en flèche.

Selon la banque d’investissement Goldman Sachs, la diminution de production proposée par l’OPEP+ sera insuffisante. Car la demande restera toujours à un niveau bien plus bas que l’offre.

La banque américaine estime une baisse de la demande en avril et mai d’au moins 19 millions de barils par jour. L’offre restera donc toujours excédentaire. Les installations de stockage seront très vite remplies. Les producteurs seront don obligés de fermer des puits.

D’autres accords dans le futur?

Il faudrait donc au moins une réduction de 20 millions de barils par jour pour espérer retrouver un équilibre. Les chefs d’Etat membres de l’OPEP+ semblent réfléchir à un tel accord. C’est en tout cas ce que sous-entendent le ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz bin Salman, et le président américain Donald Trump.

Ce dernier n’a d’ailleurs pas hésité à tweeter pour tenter de rassurer les investisseurs. ‘Ayant été impliqué dans les négociations, pour le dire simplement, le nombre que l’OPEP+ cherche à atteindre est une baisse de 20 millions de barils par jour, et pas 10 millions comme il est souvent rapporté. […] L’industrie de l’énergie sera à nouveau forte, bien plus rapidement que prévu.’

De son côté, l’International Energy Agency a proposé de racheter 200 millions de barils pendant les prochains mois afin de les conserver dans une réserve stratégique.

Le G20, de son côté, a aussi annoncé une diminution supplémentaire de 3,7 millions de barils par jours.

La confiance des investisseurs est-elle perdue?

Début du mois, la déclaration de Donald Trump annonçant une trêve dans le conflit entre la Russie et l’Arabie saoudite avait permis de rassurer le marché. Le prix du baril de Brent est passé en trois jour de 22,7 dollars à 35 dollars.

Mais depuis le 3 avril, cela n’a plus bougé. Même après l’annonce de l’accord entre les pays de l’OPEP+ hier, le marché n’a réagi.

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Un manque de réaction expliqué par les experts de Rystad Energy dans le journal The Guardian: ‘Après des semaines de volatilité, le marché réagit désormais avec plus de prudence à la spéculation et attend des accords concrets pour risquer de faire monter les prix à différents niveaux’.

Ces spécialistes dans le secteur de l’énergie ne s’attendent d’ailleurs pas à voir le cours du pétrole revenir à son niveau d’avant la crise du coronavirus cette année. Les surplus produits ces deux derniers mois ont créé déjà une surabondance sur le marché et il faudra du temps pour la résorber.

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