Ce mardi, les cinq pays qui rejoindront le Conseil de sécurité de l’ONU l’an prochain ont été élus par l’Assemblée générale. Les dés étaient pipés d’avance pour quatre d’entre eux, mais il y avait aussi un match « Russie-Occident » au programme : Biélorussie-Slovénie.
Quand le vote à l’ONU est secret, les alliés de la Russie se multiplient : la Biélorussie n’entre pas au Conseil de sécurité, mais elle récolte 20% des suffrages

Pourquoi est-ce important ?
Les votes au sein des Nations unies constituent généralement un bon baromètre pour mesurer dans quel "camp" se situent la majorité des pays de ce monde autour des grands axes occidentaux, russe et chinois. Le cas de la guerre en Ukraine l'a bien démontré : la condamnation de l'agression russe en Ukraine n'est pas aussi unanime qu'on ne pourrait le penser.Dans l’actu : les 5 nouveaux membres du Conseil de sécurité de l’ONU sont connus.
- Ce mardi, l’Assemblée générale des Nations unies a élu les 5 pays qui rejoindront le Conseil de sécurité à partir du 1er janvier 2024 pour un mandat de deux ans.
- Le seul vrai suspense concernait le siège de l’Europe de l’Est, qui opposait la Biélorussie à la Slovénie. La pièce est tombée du côté du pays balkanique.
Le détail : la Slovénie bat la Biélorussie.
- L’Algérie, la Guyane, la Sierra Leone et la Corée du Sud feront partie du Conseil de sécurité des Nations unies en 2024 et 2025. C’était couru d’avance : aucun autre pays ne contestait leur siège.
- Il leur suffisait d’obtenir une majorité des deux tiers des suffrages exprimés.
- Ils y sont tous les quatre parvenus sans la moindre difficulté.
- Ces quatre pays remplaceront respectivement le Gabon, le Brésil, le Ghana et les Émirats arabes unis, qui perdront leur siège à la fin de l’année.
- Le cinquième membre élu ce mardi est la Slovénie, qui obtient le siège de l’Europe orientale bientôt laissé vacant par l’Albanie.
- Il s’agissait du seul siège pour lequel il fallait choisir entre deux pays, la Biélorussie ayant elle aussi candidaté.
- Résultat du scrutin, à bulletin secret : 153 voix pour la Slovénie, 38 pour la Biélorussie.
En secret, on ne s’abstient plus : on soutient l’allié russe
Les explications : éviter qu’un allié de la Russie obtienne un siège.
- La Biélorussie s’était portée candidate dès 2007. Pendant très longtemps, elle n’avait pas de rival pour ce siège. Mais la Slovénie est entrée dans la course en décembre 2021.
- Une décision qui avait vexé l’ambassadeur biélorusse à l’ONU. Il avait alors dénoncé une « démarche anti-Biélorussie », arguant qu’il ne s’agissait pas d’une « décision souveraine » de la Slovénie.
- Il faut dire que la candidature slovène était survenue peu après un épisode de vives répressions de manifestations en Biélorussie suite à la (très contestée) réélection d’Alexandre Loukachenko à la présidence du pays.
- Depuis lors, la Biélorussie est devenue l’un des rares pays à se déclarer ouvertement allié de la Russie dans sa guerre en Ukraine.
- Il y a quelques mois, lors d’un vote à l’ONU sur la demande de retrait des troupes russes en Ukraine, elle a à nouveau voté contre, aux côtés du Mali, de l’Érythrée, de la Syrie, de la Corée du Nord, du Nicaragua et, bien sûr, de la Russie.
- Rappelons que 32 pays avaient préféré s’abstenir.
Les réactions : réjouies, mais…
- De nombreuses ONG se sont réjouies de la nouvelle.
- « Les États membres de l’ONU ont sans aucun doute décidé que les graves violations des droits de l’homme commises par la Biélorussie dans son pays et le blanchiment des atrocités russes en Ukraine l’empêchent de siéger au Conseil de sécurité, un organe crucial pour la sauvegarde des droits de l’homme », a souligné Louis Charbonneau, directeur du plaidoyer auprès des Nations Unies à Human Rights Watch.
- « Les Russes ont toujours affirmé que de nombreux États soutenaient l’Ukraine en public à l’ONU, mais sympathisaient avec la Russie en privé. Mais ce vote secret ne confirme pas du tout cette affirmation », a réagi Richard Gowan, directeur de l’International Crisis Group à l’ONU.
- Si l’analyse n’est pas totalement fausse, on aurait pu aussi souligner que parmi la trentaine de pays qui s’étaient abstenus lors de la résolution de l’ONU évoquée ci-dessus, une bonne partie a plus que probablement voté pour la Biélorussie, affichant par là leur soutien à la Russie.