One Belt, One Road : le plan d’infrastructure chinois menace la biodiversité sur différents continents

Le problème des espèces envahissantes existe depuis des siècles. Ce phénomène s’est développer parallèlement au commerce international. Le projet chinois baptisé « One Belt, One Road » (« Une ceinture, une route ») risque d’accélérer considérablement ce problème, indique une nouvelle étude.

Lancé il y a cinq ans, ce projet regroupe plus de 120 pays reliés par six corridors économiques entre les villes principales et les principaux ports le long des routes de transport internationales traditionnelles. Par conséquent, les espèces envahissantes pourront se propager plus facilement qu’auparavant, affirment des chercheurs. .

L’introduction d’espèces envahissantes comporte un risque important. Elles représentent une menace pour les espèces indigènes et la biodiversité.

Risques d’invasion biologiques

Selon les chercheurs, il est urgent d’évaluer et de gérer de manière proactive les risques d’invasions biologiques. Selon Yiming Li, professeur de zoologie à l’Académie chinoise des sciences, les espèces envahissantes peuvent saper la biodiversité locale et causer des dommages irréversibles aux biotopes.

Le projet One Belt, One Road » vise à connecter la Chine au reste de l’Asie, mais également à l’Europe, à l’Afrique et à l’Amérique latine. Il y a plusieurs années, Yiming Li s’est interrogé sur les conséquences écologiques de ce plan. Au départ, la Chine avait promis un projet respectueux de l’environnement.

« La majorité des points chauds d’introduction et des zones offrant un habitat propice s’inscrivent dans les six corridors économiques proposés », explique le professeur.

Selon lui, le problème des espèces envahissantes n’aurait pas suffisamment pris en compte. Les autorités ont probablement mis l’accent sur les insectes nuisibles et sur les maladies agricoles.

Points chauds d’invasion

Pour évaluer le risque d’invasion biologique dans la nouvelle étude, les chercheurs ont estimé le risque actuel d’invasion de 816 vertébrés terrestres étrangers établis dans le monde. Leurs analyses montrent qu’environ 15% des zones des pays BRI (Belt and Road Initiative – BRI) présentent des risques généraux élevés d’introduction de nouvelles espèces de vertébrés lorsque les personnes et les marchandises se déplacent.

Les chercheurs ont identifié 14 « points chauds d’invasion ». Ces points chauds apparaissent sur tous les continents – de l’Indonésie au Vietnam, en passant par les Philippines, des régions de la Méditerranée au sud du Chili et aux Caraïbes. En Afrique, des pays comme l’Algérie, le Nigeria et le Cameroun – où le climat est favorable – figurent également sur la liste.

En raison du trafic intense, la probabilité d’introduction est élevée. Les conditions locales sont également propices à la survie des espèces exotiques.

« Les invasions se produisent continuellement partout », a déclaré le co-auteur de l’étude Tim Blackburn, professeur de biologie des invasions à l’University College London.

Les Européens ont exporté des rats vers les Amériques. Au début du XXe siècle, un champignon asiatique a détruit les forêts de châtaigniers d’Amérique du Nord. La Nouvelle-Zélande n’abritait pas de mammifères terrestres indigènes avant l’arrivée de l’homme. Ce pays compte maintenant 25 espèces, dont des rats, des souris, des hérissons et des furets.

Toutefois, avec ce projet, le phénomène sera différent en raison de son ampleur et des volumes de commerce potentiellement impliqués.

Biosécurité

Comme les insectes et les champignons, les rats, les grenouilles, les serpents et les oiseaux peuvent s’introduire dans les camions, les trains, les navires et même les avions. Il en va de même pour les animaux domestiques, qui sont parfois abandonnés dans la nature, expliquent les chercheurs.

Un oiseau appelé le myna commun (Acridotheres tristis), originaire de Russie et du Kazakhstan, s’est déjà introduit dans le Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, détruisant les nids d’oiseaux locaux. Le ouaouaron américain mange des amphibiens chinois depuis des années. Il est considéré comme « l’amphibien le plus envahissant au monde », a déclaré Li.

Selon les chercheurs, la biosécurité est la solution. Ils plaident pour une surveillance efficace des conteneurs et des contenus d’expédition ainsi que pour l’instauration de quarantaines et de programmes de protection de la biodiversité. Les auteurs proposent également de créer un fonds pour aider les différents pays à suivre et à combattre la propagation des espèces envahissantes.

« Cette étude est une sonnette d’alarme », a déclaré Jeffrey Dukes, professeur de foresterie à l’Université Purdue. « Les espèces envahissantes sont très difficiles à éradiquer. Si vous pouvez vous attaquer au problème en premier lieu, vous vous épargnerez non seulement des maux de tête, mais vous économisez aussi des dollars et potentiellement des espèces. »

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