Après une baisse entraînée par la pandémie de coronavirus, les émissions mondiales de dioxyde de carbone sont reparties à la hausse en 2021. A la fin de l’année, elles seront très proches du niveau de 2019, où un record absolu avait été atteint. Au niveau des émissions dues au charbon, ce sera même pire qu’avant.
Alors que les dirigeants du monde entier sont actuellement réunis à Glasgow (Royaume-Uni) dans le cadre de la COP26, une étude du Global Carbon Project prouve une nouvelle fois à quel point la situation est alarmante. La baisse des émissions mondiales liée à la pandémie de Covid-19 est déjà derrière nous.
D’après les estimations de ce consortium de scientifiques internationaux qui étudie les « budgets » carbone mondiaux, 36,4 gigatonnes (36,4 milliards de tonnes) de dioxyde de carbone auront été émises dans le monde dans le courant de 2021. Un total qui devrait placer cette année à seulement 0,8 % du record absolu, atteint en 2019 (36,7 gigatonnes).
En 2020, les émissions avaient chuté de 5,4% (34,8 gigatonnes) suite aux nombreuses mesures de confinement prises pour enrayer la pandémie de coronavirus, limitant l’activité économique dans une grande partie du monde. En 2021, il devrait y avoir une augmentation de 4,9%, selon les calculs du Global Carbon Project.
« Les émissions ont rebondi comme un élastique », a souligné Robert Jackson, professeur de sciences du système terrestre à l’Université de Stanford et président du Global Carbon Project. « C’est la même chose que ce que nous avons vu après 2008, où les émissions ont baissé de 1,5% en 2009, puis ont bondi de 5% en 2010, comme si rien n’avait changé. »
Encore plus de charbon qu’en 2019, surtout en Chine
Le plus gros pollueur du monde reste, sans surprise, la Chine. Elle est responsable de près d’un tiers des émissions de CO2 issues de combustibles fossiles. Passant à 11 gigatonnes, celles-ci devraient augmenter de 5,5% par rapport à… 2019. Une hausse due en bonne partie au fait que le pays a beaucoup compté sur le charbon pour sa relance post-pandémie.
« Le rebond du charbon est assez surprenant », a commenté Glen Peters, directeur de recherche au Centre international de recherche sur le climat à Oslo, et membre du Global Carbon Project. « Nous pensions que la Chine avait atteint le pic du charbon, mais elle s’en rapproche à nouveau. »
Quid de la suite ?
Selon le rapport, pour atteindre l’objectif du maintien du réchauffement de la planète en dessous de 1,5°C par rapport au niveau préindustriel, les émissions doivent diminuer de 1,4 milliard de tonnes de CO2 chaque année. Soit presque autant que la baisse de 1,9 milliard de tonnes provoquée par la pandémie l’année dernière.
Selon M. Peters, l’évolution des émissions l’année prochaine dépendra en grande partie des évolutions autour de l’utilisation accrue du charbon à laquelle nous avons assisté cette année. Selon lui, il n’y a pas grand-chose à attendre sur le plan du pétrole et du gaz. D’ailleurs, au vu de la trajectoire actuelle, il s’attend à ce que les émissions augmentent en 2022.
Néanmoins, les auteurs de l’étude veulent rester optimistes. Limiter le réchauffement de la planète en dessous de 1,5 °C par rapport au niveau préindustriel reste, selon eux, un objectif atteignable. L’élimination progressive du charbon, l’électrification des transports, les énergies renouvelables moins coûteuses et la reforestation seraient autant de raisons de penser qu’il est possible de réduire les émissions de 1,4 milliard de tonnes par an.
« Pour parvenir à une telle réduction des émissions, il faut vraiment une action mondiale concertée à une échelle qui n’a jamais été observée auparavant – elle a été observée pendant la pandémie. Nous avons donc un précédent pour une action mondiale de cette ampleur », a conclu Corinne Le Quéré, climatologue à l’Université d’East Anglia et membre du Global Carbon Project.