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Nucléaire : la République tchèque va faire le plus grand investissement de son histoire et EDF est la seule entreprise européenne intéressée

Nucléaire : la République tchèque va faire le plus grand investissement de son histoire et EDF est la seule entreprise européenne intéressée
La centrale de Dukovany possède actuellement quatre réacteurs. (Martin Divisek/Bloomberg via Getty Images)

La République tchèque annonce avoir reçu des offres de trois candidats pour la construction de son nouveau réacteur nucléaire. Parmi ceux-ci, un seul est européen.

Pourquoi est-ce important ?

Avec la crise énergétique - et climatique -, un nombre grandissent de pays se tournent vers le nucléaire. C'est notamment le cas en Europe de l'Est, où certaines nations choisissent l'atome comme porte de sortie au charbon. Mais bien qu'ils fassent partie de l'UE, rien ne dit que cela profite aux entreprises du bloc. Au grand dam de Macron, défenseur d'une "autonomie énergétique européenne".

Dans l’actu : trois candidats pour le nouveau réacteur tchèque.

  • Le groupe énergétique tchèque CEZ a annoncé que trois candidats s’étaient manifestés pour la construction du nouveau réacteur nucléaire de la centrale de Dukovany.
  • Ces trois candidats sont EDF (France), Westinghouse (USA/Canada) et KHNP (Corée du Sud).
  • Rosatom (Russie) et CGN (Chine) étaient également intéressés, mais leur candidature n’a pas été retenue par les autorités tchèques, « pour des raisons de sécurité ».

Le détail : le plus gros investissement de l’histoire de la République tchèque.

  • En 2020, le coût du projet avait été estimé à 6 milliards d’euros, rappelle Reuters. Depuis, ce chiffre n’a pas été actualisé. Quoi qu’il en soit, il s’agira d’un investissement historique pour le pays.
  • « L’appel d’offres pour l’achèvement de la centrale nucléaire de Dukovany est le plus gros investissement de l’histoire de la République tchèque, qui est également absolument essentiel pour renforcer la sécurité énergétique de notre pays », a commenté le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce Jozef Sikela, cité par Les Echos.
  • La République tchèque compte actuellement six réacteurs, répartis sur deux cites. Quatre à la centrale de Dukovany, deux à la centrale de Temelin.
    • L’an dernier, plus d’un tiers de son électricité a été produite via l’énergie nucléaire.
    • En plus du nouveau réacteur de Dukovany, le pays compte en construire trois autres, répartis entre ses deux centrales. La construction de petits réacteurs modulaires est également envisagée.

Et maintenant : une analyse au peigne fin.

  • Les dossiers des trois candidats vont maintenant être analysés « de manière très approfondie », avant d’être soumis pour une évaluation finale en fin d’année prochaine.
  • Une décision devrait être prise en 2024.
  • La République tchèque espère que la construction du réacteur sera finalisée d’ici 2036.

EDF prendra-t-elle sa revanche ?

Contexte : la France s’est déjà fait damer le pion par les USA et le Canada en Pologne.

  • Le mois dernier, EDF a perdu une bataille contre les concurrents qu’elle affronte actuellement sur le dossier tchèque.
  • Début novembre, la Pologne a en effet préféré confier la construction de son tout premier réacteur nucléaire à Westinghouse, pour environ 20 milliards de dollars. En outre, l’étude d’un autre projet d’une centrale dans le centre du pays a été confiée à KHNP.
    • Cette décision avait nettement affaibli le vœu d’Emmanuel Macron d’établir une « autonomie stratégique européenne ».
    • Elle pouvait toutefois s’expliquer, notamment, par les liens étroits entre la Pologne et les États-Unis.
    • La sortie remarquée de Macron dans le Parisien quelques mois plus tôt au sujet du président polonais n’avait, elle non plus, pas joué en faveur d’EDF.  Il avait qualifié  Mateusz Morawiecki « d’antisémite d’extrême droite, qui interdit les LGBT », après l’avoir déjà accusé de « s’immiscer dans la campagne politique française » (les législatives, ndlr.).
  • En outre, il est apparu il y a quelques semaines que les États-Unis avaient définitivement mis la main sur la construction de deux réacteurs nucléaires en Roumanie.
    • L’Export-Import Bank (EXIM), une agence de crédit à l’exportation basée à Washington, a fourni 3 milliards de dollars pour la réalisation du projet.
    • Cela n’a pas encore été confirmé, mais tout porte à croire que le projet sera piloté par le géant américain Aecom, en collaboration avec des entreprises américaines, canadiennes, françaises et roumaines.
    • Initialement, six entreprises européennes (GDF Suez, Iberdrola, CEZ, RWE, Enel et ArcelorMittal) étaient pourtant intéressées. Elles se sont finalement retirées.
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