Nord Stream n’étant plus une option, l’Allemagne importe une première fois du gaz depuis la France : « solidarité européenne »

Pour une première, du gaz naturel a été injecté dans un gazoduc reliant la France à l’Allemagne, jeudi, conformément à un accord conclu entre les deux pays le mois dernier. Ils s’étaient promis de s’entraider pour assurer leur approvisionnement énergétique respectif.

Le gestionnaire de réseau français GRTgaz a annoncé qu’il commencerait à exporter un volume d’environ 31 gigawattheures (GWh) de gaz par jour. Cela se fera par le biais d’un pipeline dans la région de la Moselle. Bien que cela ne représente que 2% des volumes consommés quotidiennement par l’Allemagne, ce n’est pas une quantité négligeable. GRTgaz a toutefois révélé que la capacité maximale de 100 GWh ne sera pas encore utilisée pour l’instant.

La France peut se permettre d’exporter du gaz naturel car elle est moins sensible aux caprices du Kremlin que l’Allemagne. En effet, avant la guerre, la République fédérale importait environ 55% de son gaz de Russie. Entre-temps, ce chiffre a déjà été réduit considérablement (notamment par le biais de l’arrêt de Nord Stream). La France, en revanche, importe la majeure partie de son gaz de Norvège et d’autres pays via des méthaniers.

Accord de solidarité

En septembre, l’Allemagne et la France ont conclu un accord : la France exporterait du gaz vers l’Allemagne en cas de besoin, tandis que l’Allemagne ferait de même avec l’électricité. Le président français Emmanuel Macron avait alors déclaré que cela démontrait la « solidarité européenne » en temps de crise, selon Reuters.

La France, qui est normalement un exportateur net d’énergie, a du mal à produire suffisamment d’électricité cette année. En effet, plus de la moitié des centrales nucléaires du pays sont actuellement arrêtées pour maintenance. À cela s’est ajoutée, pendant l’été, une sécheresse sans précédent qui a fait que certains réacteurs ne pouvaient plus utiliser l’eau des rivières pour se refroidir.

« Si nous n’avions pas la solidarité européenne et un marché intégré et unifié maintenant, nous aurions de graves problèmes », a déclaré mercredi le président français Emmanuel Macron, cité par la BBC.

Marché européen du gaz

Le fait que les pays européens doivent se soutenir mutuellement a tout à voir avec l’invasion russe en Ukraine. Depuis le début de la guerre, l’Europe tente de se sevrer des combustibles fossiles de la Russie. Les importations de charbon sont déjà interdites dans l’UE depuis août et un embargo sur le pétrole russe suivra bientôt.

Les importations de gaz naturel sont également en baisse visible. L’Europe tente de compenser les énormes quantités que la région recevait de la Russie en important davantage des États-Unis, d’Algérie, de Norvège, d’Azerbaïdjan et d’autres endroits. Mais cela ne se fait pas si facilement, car certaines infrastructures doivent être ajoutées pour transporter davantage de gaz par voie maritime.

Pendant ce temps, l’Europe est aux prises avec une crise énergétique sans précédent. Si les réserves de gaz sont désormais largement remplies et que le continent devrait survivre à l’hiver prochain, il y a fort à parier que l’année prochaine sera beaucoup plus difficile. Entre-temps, pour garantir un approvisionnement suffisant, de nombreux pays européens prennent des mesures pour réduire leur consommation de gaz.

(CP)

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